Ce n’est qu’un euphémisme de parler de tragicomédie électorale en préparation. La transparence, la qualité première d’une élection dans un pays qui se réclame démocratique, reste un mirage. Le processus est conduit de façon obscurantiste par le pouvoir et la tension commence à monter sur la scène politique…Toutes choses qui n’annoncent rien de bon. Mais tout se passe en tout silence des ambassadeurs du Groupe des 5, ces missionnés de la démocratie et de ses civilités dans notre pays…
Tragicomédie électorale
Plus que trois semaines et les Togolais seront appelés aux urnes pour élire le prochain Président de la République. Le processus avance et la campagne électorale sera ouverte dans six (06) jours à peine. Mais c’est en fait au pas de charge qu’il va.
Le point fondamental à signaler, c’est l’absence de transparence, comme à toutes les élections au Togo sous les Gnassingbé. Même si depuis un moment, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, PayadowaBoukpessi a enclenché une tournée nationale pour chanter la transparence du processus et la non violence, la clarté et l’équité sont les plus grands maux dont souffre le processus. Des ferments de frustrations et de violences justement. C’est en tout unilatéralisme que le pouvoir conduit le processus dont la préparation devrait être consensuelle. L’opposition en est presqu’écartée. Tous les appels des candidats, des autres acteurs politiques ou de la société civile pour rectifier le tir tombent dans des oreilles de sourd. Cet obscurantisme a l’effet de créer des tensions sur le landerneau politique.
En effet, depuis quelques jours, la température est en train de monter dangereusement. Il faut évoquer ici la levée de boucliers des forces dites du consensus démocratique qui, déjà, appellent à une marche de protestation ce samedi. « 2020 doit être pour toutes les forces démocratiques une année décisive et de victoire collective. Convaincues de cela, les forces démocratiques lancent un appel solennel à tous les citoyens togolais pour de grandes manifestations citoyennes pour à la fois contester le désordre juridique et aussi pour soutenir toutes les forces engagées dans la lutte par des élections ou en dehors du cadre électoral pour aboutir à une victoire du peuple qui passera par une transition indispensable », lancent les organisateurs.
C’est une pratique usuelle dans tous les pays normaux que les élections soient observées par des missions censées veiller à la transparence, constater le déroulement du processus et faire des recommandations plus tard dans le sens de l’amélioration des scrutins à venir. Mais la présidentielle du 22 février prochain ne sera pas observée ni par une mission de l’Union Européenne (UE), ni de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Même la mission que voulait déployer l’église catholique, partenaire de longue date du pouvoir en place, s’est vu refuser l’accréditation. Toutes les conditions sont donc réunies pour des élections obscures…
Les ambassadeurs spectateurs
Prévenir les conflits, c’est l’une des missions dont les ambassadeurs du Groupe des 5.se sont toujours réclamés. Et pendant qu’il est encore temps, le bon sens aurait voulu qu’ils agissent dans le sens de désamorcer une crise postélectorale éventuelle. Et les éléments créateurs sont manifestes. Ce sont le refus de la clarté, de l’équité, la triche, la volonté manifeste du pouvoir d’entraver l’avènement de l’alternance. Il y a de l’électricité dans l’air, et à l’allure où vont les choses, il faut craindre du grabuge après le hold-up ou la proclamation des résultats. Et aussi la répression…
2005 est encore vivace dans les mémoires. Décidé à conserver le pouvoir dans le giron des Gnassingbé, le régime n’avait pas hésité à utiliser la méthode forte. C’est un plan de massacre formel qui fut ourdi contre le peuple et mis à exécution. Les corps habillés et les milices n’avaient pas hésité à tirer sur les manifestants aux mains nues. Le bilan était lourd, un bon millier de morts. Le pouvoir est encore en jeu, avec la présidentielle du 22 février. Même si le candidat de la minorité pilleuse a toutes les manettes en main, personne ne sait ce que réserve l’avenir, les surprises sont vite arrivées. Mais le clan est manifestement prêt à tout et le montre assez bien, avec l’acharnement contre le Parti national panafricain (PNP) et ses militants…
En effet, c’est un calvaire que vivent les militants du parti de TikpiAtchadam. Au nom d’une certaine tentative d’insurrection armée réelle ou supposée, il est mis le grappin sur eux, comme des poules (sic). Des villes et localités entières, en majorité Tem, subissent un état de siège de fait de la part du régime, les populations soumises à des bavures de toutes sortes…Le timing est loin d’être fortuit, il coïncide curieusement avec l’élection présidentielle. Tout porte à croire à un message adressé par le pouvoir à tous ceux qui prendraient le risque de se mettre en travers du chemin du « Prince » décidé à s’offrir un quatrième mandat consécutif à la tête du pays…
Au Togo, c’est une lapalissade, ce sont les élections présidentielles qui charrient le plus de tensions et le bon sens voudrait que toutes les dispositions soient prises pour désamorcer toute tension. Les ambassadeurs du Groupe des 5 sont assez bien placés pour parler à ceux qui détiennent les rênes du pouvoir, le sort du scrutin et des populations entre leurs mains. Il y a eu crise politique il n’y a pas longtemps, avec des manifestations massives, la répression et mort d’hommes et personne n’a envie de revivre ces situations…S’ils s’immiscent bien dans le processus, les ambassadeurs se contentent de s’illustrer sur des questions mineures, jouent les gentils, se retiennent de mettre le doigt là où cela pourrait faire mal, sans doute pour ne pas frustrer le pouvoir. Hypocrisie, dites-vous ?
Tino Kossi
source : Liberté