« Combattre un dirigeant africain qui s’impose par des élections truquées, c’est combattre le racisme anti-noir dont il est le valet » (Aminou Ben Yaya)
Aux Etats-Unis, le racisme est de notoriété publique et son éradication, une vieille rengaine politique. Le mal est bien plus profond dans le pays. Le meurtre de George Floyd est la goutte qui a fait déborder le vase. La vague d’indignation qui a suivi à travers tout le pays en est l’illustration.
Un leader d’opinion se permet d’établir une comparaison entre le racisme aux Etats-Unis et les fraudes électorales en Afrique. Voilà un autre fléau qui gangrène le continent et sape son développement. Certains pays sont même passés spécialistes dans l’art de frauder les élections. Le champion toutes catégories confondues est sans doute le Togo des Gnassingbé. Toutes les élections organisées dans la nuit des temps dans ce pays, ont été systématiquement remportées par une seule et unique formation politique : le parti au pouvoir. Des compétitions pourtant censées être loyales, légales pour obtenir le suffrage des citoyens. « Combattre un dirigeant africain qui s’impose par des élections truquées, c’est combattre le racisme anti-noir dont il est le valet », écrit le compatriote.
Le racisme est si particulièrement ancré dans la société américaine. Selon Nicole Bacharan, historienne, politologue et spécialiste de la société américaine, le racisme remonte à l’esclavage.« Après l’esclavage, s’est mis en place un système d’apartheid extrêmement dur et violent, mais ce système-là a été démantelé et déclaré illégal. Il y a eu toute la lutte pour les droits civiques dans les années 1960…Mais nous voyons qu’elle est toujours là, cette présomption qu’un Noir -qu’un homme noir surtout-, est dangereux et que tout est permis, jusqu’au meurtre », déclare-t-elle.
Une étude relayée par le journal l’Express révèle que les Afro-américains ont 2,5 fois plus de chance que les Blancs d’être tués par la police. Chez les femmes, ce taux est de 1,4. L’étude se base sur les chiffres compilés par Fatal Encounters, un consortium de journalistes, et ceux du National Vital Statistics System, qui collecte annuellement toutes les données sur la mortalité aux Etats-Unis.
Dans une étude relayée en début d’année par le New York Times, des chercheurs de la Rutgers University ont interrogé 101 adolescents Afro-américains qui ont rapport 5 600 expériences de racisme en deux semaines, soit l’équivalent de cinq actes racistes par jour et par adolescent.
En 2015, le Washington Post a commencé à recenser toutes les personnes tuées par la police. Au total, plus de 5 000 décès ont été comptabilisés. Depuis le début de l’année 2020, 422 personnes ont été tuées par la police. Les Afro-Américains représentent environ 13% de la population américaine. Mais depuis 2015, la police a tué 1 262 Afro-américains, soit un taux de 30 pour un million.
Selon les données du Pew Research Center, il y avait en 2018 1501 Afro-américains emprisonnés pour 100 000 Afro-américains. A titre de comparaison, le taux pour les Hispano-américains est de 797 pour 100 000 et de 268 pour 100 000 pour les Blancs.
Bref parvenir à éradiquer le racisme aux Etats-Unis serait synonyme de « vaincre » la corruption et les fraudes électorales en Afrique. C’est comme une Arlésienne, difficile à combattre.
Médard AMETEPE / Liberté Togo