Le sujet aura agité le monde du football togolais il y a encore quelques semaines. En plein processus électoral du comité exécutif de la Fédération Togolaise de football, la ligue régionale de football des savanes (nord togo) et les clubs de la région annonçaient leur refus de faire jouer désormais leurs rencontres à domicile à Kara, ville située à plus de 200 km de leur base. Leurs terrains de jeu n’ayant pas été homologués par les services techniques de la FTF. Pour éviter une nouvelle crise dans le football au Togo, le ministère des Sports a pris les devants. Même si un compromis a été trouvé, il n’en demeure pas moins que le problème des infrastructures sportives autour duquel le pouvoir togolais a toujours battu campagne auprès de la jeunesse, reste entier sur le terrain. Et c’est dans un pays où les sportifs ont de la peine à pratiquer leurs disciplines, que la chaine de télévision privée ‘New Word TV’ (appartenant au pouvoir en place, ndlr) annonce acquérir les droits de diffusion de la ligue européenne des champions.
Les infrastructures sportives constituent un levier essentiel pour la mise en œuvre du droit à l’exercice et à la pratique du sport et un outil de choix pour la promotion de l’éducation sportive. Qu’il s’agisse d’athlétisme, de volleyball, de basketball, de football ou encore de handball, la base est la même : disposer des infrastructures sportives adéquates. Seulement au Togo, la situation est tout autre.
A la place d’infrastructures sportives réelles, c’est la débrouillardise. Que de champs de brousse taillés et même en terre battue. Quelques fois, sur la même aire de jeu, les gazons sauvages et la terre cuite rivalisent d’ardeur, rendant difficile la pratique du football par exemple. Et pourtant en 2005, après avoir capté le pouvoir dans des conditions que tout le monde sait, celui qui est redevenu candidat pour la présidentielle de 2005, (Faure Gnassingbé, toujours au pouvoir, ndlr) a édité un programme de société dénommé « les 20 plus de Faure » dans lequel le sport et la jeunesse occupaient une place de choix. La construction et l’aménagement de 1000 terrain de jeu étaient bien inscrits et projetés dans cette vision. Sauf que 20 ans après, les signes de ces terrains de jeu sont peu sinon ou pas du tout visible.
Togo, un désert d’infrastructures sportives
Au Bénin, chez notre voisin de l’Est, en moins de 10 ans, le président Patrice Talon a fait construire 22 stades omnisports aux normes internationales. Et rien qu’en 2022, le gouvernement béninois a fait élaborer et exécuter un programme d’un montant de 33 milliards de FCFA qui touche la construction du stade international de Parakou, la reconstruction du stade René Pleven d’Akpakpa, la réhabilitation du stade Charles De Gaulle de Porto-Novo, le revêtement en gazon synthétique de l’aire de jeu annexe de football du stade de l’amitié Mathieu Kérékou et bien d’autres ouvrages.
Au Togo, outre le stade municipal de Lomé qui est le plus vieil endroit où se pratique encore le football au Togo et construit en 1969, celui de Kégué, 30.000 places, est celui acceptable, construit en l’an 2000. En dehors de ça, plus rien ne ressemble véritablement à un terrain de football. Que ce soit à Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé ou encore Kara, ces endroits où se pratiquent le football au Togo ressemblent à tout sauf à un stade de football. Et pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Il y a un an (03 Mars 2023), le comité exécutif de la FTF a affiché son ambition de doter les grandes villes de stades de football répondant aux normes basiques de pratique de ce sport. Il est également annoncé la construction d’un centre technique national. « 3,2 milliards FCFA seront injectés dans le football en 2023 », avait martelé la FTF. Sauf que depuis, rien à mettre sous la dent. Cette situation de détresse dans laquelle se trouve la pratique du football a amené le 02 Février dernier, la ligue régionale de football des savanes à conduire une fronde. « …les clubs de D1 et D2 de la région des Savanes ne jouent plus de matchs de compétitions nationales sur leurs propres installations parce qu’ils n’ont pas eu eux la chance d’avoir des terrains construits ou rénovés par le gouvernement, la FTF ou la FIFA. Ils doivent parcourir entre 300 km et 150 km pour recevoir leurs matchs à domicile sans aucune mesure d’accompagnement … »,se désolent les clubs de la région des savanes.
Savez-vous que la FIFA donne de l’argent aux associations pour les soutenir dans ce sens ? C’est le programme Forward FIFA.
FIFA Forward est conçu pour fournir un soutien intégral et sur mesure à chacune des associations membres de la FIFA. Après la mise en œuvre réussie de ‘FIFA Forward 1.0’ portant sur la période 2016-2018, ‘FIFA Forward 2.0’ est entré en vigueur avec une hausse de 20 % des fonds annuels auxquels les 211 associations ont droit, couvrant la période du 1er janvier 2019 au 31 Décembre 2022.
A quoi est destiné le FIFA Forward ?
Il s’agit de soutenir le développement du football dans le financement quotidien des activités, pour la définition de nouveaux objectifs stratégiques à long terme et pour la mise en œuvre de projets de développement sur mesure visant à fournir des infrastructures footballistiques, organiser des compétitions et promouvoir le football féminin. La FIFA renseigne également que cette allocation vient soutenir plus de la moitié des associations membres, en particulier celles ayant des ressources financières limitées, dont le Togo. C’est ainsi que ces fonds ont pu équiper comme il se doit, les équipes nationales afin de participer à plusieurs compétitions internationales. Ce qui veut dire que, chaque année, grâce au programme FIFA Forward, la FIFA met à la disposition du Togo des fonds pour soutenir les frais de déplacement des équipes nationales et l’achat des équipements pour les compétitions. Environ 200.000 dollars américain sont alloués annuellement par association membre pour couvrir ne serait-ce que les frais de voyage et d’hébergement de ses équipes nationales pour les matches à l’extérieur.
A la FTF, officiellement, une partie des fonds alloués pour les déplacements et les équipements des Equipes Nationales, sert à entretenir les équipes des jeunes. Une version qui n’est pas conforme à la réalité. Depuis un moment, la FIFA apporte des soutiens clairs au football des jeunes. Seulement pour en bénéficier, il faut présenter un projet viable. Curieusement, cela semble une barrière pour l’équipe d’Akpovy qui, à l’époque, a trouvé rapidement un raccourci. Elle met la main sur le projet « Graines de Togo » initié par l’ancien sélectionneur Claude Leroy. Faute des championnats des jeunes, les sélections des jeunes ont du mal à s’imposer. Que ce soit chez les U17 ou chez les U20, les jeunes togolais peinent à maintenir l’équilibre devant les joueurs de leurs catégories.
Outre la question des infrastructures sportives inexistantes, on peut évoquer l’indicible niveau technique des joueurs et tactiques des entraineurs de championnats nationaux de première et deuxième division. Si ces championnats sont plus ou moins réguliers, celui féminin voit le jour à la manière de l’éclipse solaire. Et pourtant, la sélection dame des Eperviers se constitue régulièrement pour les compétitions internationales. D’ailleurs, elle a été éliminée devant son public à Lomé en décembre dernier, dans sa course pour la qualification à la CAN Féminine Maroc 2024, par la Tanzanie.
Comme chez les jeunes et les dames, l’équipe première aussi aligne des difficultés pour se qualifier depuis 3 éditions de la Coupe d’Afrique des Nations de Football. Que ce soit en 2019, 2021 ou 2023, les Eperviers du Togo n’y arrivent toujours. Ce bilan négatif et scabreux est la conjugaison de l’incompétence de l’équipe du président de la FTF, Guy AKPOVY. Huit années à la tête du football togolais, zéro participation à la phase finale d’une compétition majeure comme la CAN.
Et c’est dans ces conditions que la chaine de télévision privée au togo, New World TV devient le diffuseur en français et dans les langues locales de la majorité des matchs de l’UEFA Champions League et d’autres compétitions de clubs de l’UEFA dans les pays francophones d’Afrique subsaharienne jusqu’en 2027.
Source: lalternative.info