Les Togolais iront aux urnes le 22 février prochain. La campagne n’est pas officiellement lancée. Mais déjà, le parti au pouvoir Rpt/Unir devance tout le monde et, avec l’appareil d’Etat, se lance dans une précampagne qui présage de ce qui se passera durant cette période. Avec pour deux thèmes de campagne : des distributions tous azimuts de cadeaux et gadgets et le déploiement de militaires à outrance sur l’étendue du territoire.
Tous ceux qui croyaient que le parti au pouvoir allait se saisir du Plan national de développement (PND) et du classement –bidon, soit dit en passant- Doing Business de la Banque Mondiale pour faire campagne se gourrent. Parce qu’avec le PND, plus rien n’est sûr. Déjà deux ans écoulés, mais personne ne peut dire à ce jour combien a déjà été mobilisé ou investi dans ce programme évalué à 4.622 milliards FCFA. Pire, l’ambition était de faire porter ce PND par le secteur privé à hauteur de 65% du budget.
C’est dans cette optique que quand le rapport Doing Business de la Banque Mondiale a été pondu, les autorités togolaises en avaient fait leur cheval de bataille. Pourquoi ? Donner l’impression que la création d’entreprises était synonyme de prospérité du pays en général, et du secteur privé en particulier. Le tout ferait croire qu’effectivement, le secteur privé allait financer le programme à 65% comme claironné. Mais dans la pratique, la manoeuvre paraît plus ardue que prévue. Et plus l’échéance du 22 février approche, plus les vrais thèmes de campagne se précisent.
Préservatifs, sandalettes, gobelets, montres, vin, chaussures, ballons, motos, casquettes, savons, clés usb, voilà un frorilège d’objets et de gadgets à l’effigie du parti au pouvoir en général, et particulièrement de Faure Gnassingbé. Comme quoi, en période électorale, le PND n’engage que ceux qui croient ; les élections sont prioritaires. La distribution de gadgets de toutes sortes est devenue le permier thème de campagne.
Le déploiement de militaires sur toute l’étendue du territoire national. Mais particulièrement dans les zones réputées proches du parti de TikpiAtchadam, le PNP. Kparatao comme épicentre de la concentration des militaires, Soudou, Tchamba, Sokodé, Bafilo, Agoè et d’autres localités soupçonnées d’accorder leur faveur au PNP.
Ce thème de campagne est d’autant plus pitoyable que le ministre de la Défense, en charge des militaires et anciens combattants, n’est autre que…Faure Gnassingbé ! En français facile, si retrait des militaires il devrait y avoir, ce sera sur ordre et instructions personnelles de Faure Gnassingbé. Donc, les bastonnades, sévices, restrictions des libertés orchestrés par les militaires habillés avec l’argent du contribuable ne sont pas à l’insu du chef de l’Etat. On n’oserait pas aller jusqu’à dire qu’il en serait l’instigateur, même si ce n’est pas l’envie qui nous manque.
La semaine prochaine, débute la campagne électorale. Les localités « sous surveillance » seront-elles visitées en toute liberté par le reste des candidats ? Des représailles post-campagne ne sont-elles pas à craindre, ce qui pourrait décourager les citoyens de ces régions à sortir pour écouter les messages ds autres candidats ? Autant de questions qui ne se seraient pas posées si la libre circulation des personnes était consacrée à Sokodé, Bafilo, Tchamba, Soudou, Kparatao et autres.
Voilà en quoi consistent les thèmes de campagnedu « champion ». On passe sous silence les distributions de vivres aux forces de l’ordre et populations de la préfecture de Tchaoudjo, justement à l’orée de la campagne présidentielle, des populations –du moins celles favorables au PNP- qui ont été et continuent d’être soumises à des brimades et humiliations de toutes sortes. Comme quoi, au nom du 4ème mandat, quene ferait pas le parti au pouvoir pour conserver le fauteuil ?
Abbé Faria
source : Liberté