Rapport Transparency International : Le meilleur réformateur Doing Business champion dans la corruption

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Le Togo qui accumule les titres de champions dans de nombreux domaines n’en a pas encore fini avec la corruption. Le phénomène y sévit toujours et prend des proportions inquiétantes. Le meilleur réformateur en Afrique, selon Doing Business maintient son statut de champion dans la corruption.

L’ONG Transparency International a publié son rapport sur la perception de la corruption dans le monde, pour le compte de l’année 2020. Avec 88 points sur 100, le Danemark et la Nouvelle Zélande sont en tête de classement. Ils sont suivis par la Finlande, Singapour, la Suède et la Suisse qui totalisent 85 points. Viennent ensuite la Norvège (84 points), les Pays-Bas (82 points), l’Allemagne et le Luxembourg (80 points). Les meilleurs pays du continent africain sont les Seychelles (27ème rang mondial) et le Botswana (35ème). En Afrique de l’Ouest, c’est le Sénégal qui est en tête et occupe le 67ème rang mondial. Il est suivi du Ghana (75ème), du Bénin (83ème), du Burkina Faso (86ème), de la Gambie (102ème) et de la Côte d’Ivoire (104ème). Avec 29 points, le Togo occupe le 134ème rang mondial.

Par rapport au Togo, l’on constate un recul dans le classement. En 2019, le pays a obtenu 29 points pour le 130ème rang mondial. En 2018, il était 129ème avec 30 points, et en 2017, le pays était 117ème avec une note de 32 sur 100. En d’autres termes, le Togo a reculé de 17 places entre 2017 et 2020, en l’espace de 4 éditions du rapport. Cette descente est constante et ce sera probablement le cas pour l’édition 2021 de l’Indice de perception de la corruption.

Le rapport recommande, entre autres que pour lutter contre la COVID-19 et la corruption, il est essentiel que les pays renforcent les institutions en charge des contrôles, défendent la démocratie et promeuvent les libertés civiques. Il recommande aussi de garantir la transparence des contrats et de publier les données pertinentes tout en y garantissant l’accès. Le rapport souligne aussi que la gestion de la pandémie de la Covid-19 a révélé les vulnérabilités des services de contrôle et une transparence insuffisante. Pour donc s’assurer que les ressources atteignent ceux qui en ont le plus besoin et ne soient pas objet de vol, les autorités et les institutions de contrôle doivent disposer suffisamment de fonds, de ressources et d’indépendance pour exercer leurs fonctions. Sur le volet de la démocratie, la crise sanitaire « a exacerbé le déclin démocratique », avec certains gouvernements qui se servent de la pandémie pour  suspendre les parlements. Au Togo, l’Assemblée nationale s’est offerte au gouvernement qui légifère depuis bientôt un an par décret.

Ce qu’il faut retenir à travers ce rapport, c’est que le Togo est encore loin d’éradiquer la corruption. Les responsables et membres des institutions telles que la Cour des Comptes et la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) ne nous démentiront pas. Au Togo, la corruption est fortement ancrée dans la gouvernance. Pourtant, le pays se glorifie du titre de champion dans de nombreux domaines. Le plus récent rapport flatteur à l’endroit du Togo est celui de l’Institut Lowy, un think tank indépendant. Dans une évaluation mondiale sur la gestion de la pandémie de la Covid-19, l’institut classe le pays dans le haut de tableau en lui octroyant une glorieuse 2ème place continentale et le 15ème rang au plan mondial. Evidemment, les relais du pouvoir s’en enorgueillissent. « Cette performance, le Togo peut l’attribuer à la réactivité et l’implication des autorités dès la détection du premier cas, et aux nombreuses mesures mises en place depuis lors », écrit le portail officiel de la République togolaise.  

Depuis quelques années, c’est la même chanson. Des rapports flatteurs qui sont publiés et dont on se sert pour faire croire que le pays s’est lancé dans de vraies réformes alors qu’il s’agit simplement de la collecte des rapports flagorneurs. Le très illustre Doing Business n’est plus à présenter. Pendant plusieurs éditions, ce rapport a fait du Togo un excellent réformateur. En octobre 2019, le pays est classé 3ème meilleur réformateur au monde, 1er en Afrique et aurait progressé de 40 places. L’année suivante, il est classé 2ème meilleur réformateur au monde. Une « performance » qui a été éclaboussée par les révélations sur les scandales qui ont marqué la rédaction de ce rapport.

Dans un communiqué publié sur son site internet le 27 août 2020, la Banque Mondiale reconnaît l’existence d’irrégularités dans la collecte des données pour son classement Doing Business, un rapport que brandissent les autorités togolaises comme une percée. « Les rapports mis en cause sont particulièrement ceux des années 2017 et 2019, soit les Doing Business 2018 et 2020. Cet aveu rejoint une série de critiques sur la méthodologie de la démarche du Doing Business, la méthode de collecte des données et, ce que dénonçait Paul Romer, l’ancien chef économiste de la Banque Mondiale, qui a jeté d’ailleurs l’éponge en janvier 2018, en dénonçant le caractère idéologique du classement », écrit Financial Afrik.

C’est au cours de ces éditions que le Togo a réalisé ses performances. Curieux, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, ce n’est pas un hasard. Les démentis des autorités togolaises n’y ont rien changé. Il y a de la triche dans le Doing Business brandi comme un trophée parmi tant d’autres. Quand il s’agit de la lutte contre la corruption, le champion tous azimuts et ses collaborateurs deviennent muets alors que c’est dans ce domaine qu’ils doivent prouver leur sincérité.

G.A. / Liberté

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