La Tanzanie dit non au vaccin anti-Covid

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« Qui part lentement avance prudemment mais sûrement » (Proverbe danois)

La course au trésor (au vaccin anti-Covid) est le mot d’ordre actuellement des pays africains. La bataille est rude. Les dirigeants se sont mis en branle pour récupérer le maximum de dose possible pour leur pays. Les premières doses sont attendues d’ici au mois de mars. Au même moment enflent dans nombre de pays des théories complotistes. Pour les dirigeants africains, il ne fait de doute, le vaccin est une solution durable dans la lutte contre la pandémie. Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont même opté pour une approche d’achat groupé de vaccins anti-Covid tenu le 23 janvier dernier. Ils devraient s’approvisionner de 240 millions doses pour démarrer au plus tard au mois de juin 2021, les campagnes de vaccination.  

« Une lueur d’espoir point à l’horizon avec la mise au point des vaccins », s’était réjoui Faure Gnassingbé lors de son message à la Nation le 31 décembre 2020. Il a affirmé avoir instruit son gouvernement à prendre des dispositions pour bénéficier des premères doses de vaccin le plus tôt possible.

 Cependant, l’enthousiasme des dirigeants n’est pas partagé par leurs compatriotes. Beaucoup de citoyens sont sceptiques quant à l’utilité de ces vaccins. Une méfiance renforcée aussi par la polémique en Europe sur la vaccination. Le 15 janvier 2021, l’agence de santé publique de la Norvège avait expliqué avoir recensé 23 morts associés à la vaccination contre le Covid-19. « Des effets indésirables courants peuvent avoir contribué à une évolution sévère chez les personnes âgées fragiles », avait indiqué l’agence dans un communiqué. En France, cinq décès de personnes âgées avaient été recensés. L’Allemagne, elle, a décidé de ne plus vacciner les personnes âgées.

En Afrique, certains vont jusqu’à assimiler le vaccin à un complot pour décimer les populations. Se fondant sur les déclarations controversées d’Emmanuel Macron qui disait que « le défi de l’Afrique est civilisationnel. (…) Quand des pays ont encore aujourd’hui sept ou huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »

En lieu et place des vaccins, certains préfèrent insister sur les mesures barrières. Ce fait divers qui s’est produit au Togo, dans une école primaire à Cinkassé, ville située à 600 kilomètres au  Nord de Lomé, où les enfants ont déguerpi des salles de classe à l’arrivée d’une équipe de sensibilisation contre la pandémie, illustre à perfection l’idée que la plupart ont de ce vaccin. Les écoliers de l’EPP Centrale Cinkassé avaient pris leurs jambes à leur cou au grand étonnement de la délégation conduite par le Préfet Colonel Tiekeba Yanani. Les enfants les avaient confondus à une équipe de vaccination contre le coronavirus.

La Tanzanie vient de donner le ton en s’opposant à l’approvisionnement de vaccins anti-Covid. «Le ministère n’a pas comme projet de recevoir des vaccins contre le coronavirus», a déclaré mardi 02 février 2021, la ministre de la Santé, Dorothy Gwajima. Elle a exhorté ses compatriotes à respecter les mesures d’hygiène (se laver les mains ou les désinfecter) et à faire de la gymnastique mais aussi à se reposer et à utiliser la médecine populaire, de nombreux remèdes traditionnels contre le Covid-19 ayant déjà été enregistrés. Certains à base de gingembre, d’oignon, de citron et de poivre.

« Nous devons être très prudents avec ces vaccins importés», a prévenu pour sa part le président tanzanien, John Magufuli estimant que ces vaccins contre le Covid-19 étaient inappropriés.

En Afrique, les esprits sont formatés et il y a un énorme travail à faire pour amener les populations à accepter et à adopter le vaccin.

Médard AMETEPE / Liberté

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