Togo : « Mgr Kpodzro était une référence sur les plans humain, religieux et politique»

0
9

Dr Senyéebia Yawo Kakpo, enseignant chercheur togolais, spécialisé en sciences juridiques et politiques/Senyéebia Yawo Kakpo/LCA

Évêque d’Atakpamé (1976-1992) puis archevêque de Lomé (1992-2007), Mgr Philippe Kpodzro est décédé le 9 janvier en Suède. Le juriste spécialisé en sciences politiques Senyéebia Yawo Kakpo aborde avec La Croix Africa l’héritage politique de cet évêque qui a fortement marqué la vie politique togolaise.

Quel héritage Mgr Kpodzro laisse à la classe politique ?

Je suis très éprouvé par cette disparition, car Mgr Kpodzro est une référence sur les plans humain, religieux et politique au Togo. Je l’ai particulièrement connu à partir de 2005 lors des actions communes des Eglises chrétiennes pour le bon déroulement de l’élection présidentielle. C’était un homme de foi, déterminé et engagé pour les causes de sa société. Il laisse comme héritage sa détermination et son engagement pour l’alternance politique au Togo, quelles que soient les difficultés.

Comment peut-on expliquer l’ampleur de son engagement politique ?

Son engagement et sa détermination peuvent s’expliquer par deux faits. D’abord, son ordination épiscopale comme évêque d’Atakpamé a été déplacée à Lomé, le 2 mai 1976, à cause des menaces de perturbations (pour des raisons politiques, NDLR). Cet événement a sans doute laissé en lui des séquelles. Ensuite, l’on peut évoquer l’échec de la Conférence nationale togolaise en 1991 qu’il a présidée sur sollicitation de la classe politique, comparée aux résultats des conférences similaires au Bénin et au Congo. Je pense que le succès de ces conférences nationales présidées également par des évêques et qui ont apporté des changements significatifs au Bénin et au Congo peut justifier sa détermination à poursuivre la lutte pour l’alternance au Togo.

Ces dernières années, ses interventions sur les plans politique et social ont été très controversées. Quelle analyse faites-vous entre ses discours pendant qu’il était archevêque de Lomé (jusqu’en 2007) et ceux d’après ?

Il intervenait quand il était encore en charge pour dénoncer des situations d’injustices et des violations de droits humains, mais sans prendre de positions partisanes. Ses interventions étaient donc des positions de prélat contre l’injustice. Mais ces derniers temps, l’archevêque devenu émérite et déchargé de son obligation de réserve a choisi de s’engager plus ouvertement et a soutenu l’opposition politique.

Mgr Kpodzro, déterminé à apporter une solution à la crise togolaise, s’est laissé influencé, selon moi, par les discours allant dans le sens de l’alternance. C’est dommage.

Repondre

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici