Togo, Meurtre du Colonel Madjoulba : Pourquoi les autorités doivent craindre pour leur propre vie

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Lieutenant-Colonel, Madjoula Bitala

Le meurtre dans le plus grand mystère du Colonel Madjoulba Bitala retrouvé mort dans une mare de sang dans son bureau le lundi 4 mai dernier ne cesse de cristalliser moult interrogations. Et force inquiétudes. Qu’à cela ne tienne, Faure Gnassingbé, lui, n’a pas hésité à remplacer le défunt par le Lieutenant-Colonel Atafaï Tchangani, à en juger par l’arrêté ministériel en date du 5 mai 2020, soit juste 24 heures après la tragédie. Cette nomination effectuée alors même que les conditions où le natif de Siou avait passé de vie à trépas n’étaient pas encore élucidées, et que les siens en étaient encore à réclamer justice et lumière sur ce crime qui a tout d’une vendetta, cette nomination peut être vue, bien à raison, comme un mépris du président togolais lui-même pour la mémoire de cet officier supérieur qui commandait le 1er Bataillon d’Intervention Rapide de la première région militaire, depuis la refondation de l’armée en 2014.

Pour un Officier supérieur qui a servi son pays, c’est une bien infâme insulte. On aura du reste remarqué que depuis l’assassinat du Col Madjoulba, il n’y a pas eu de communiqué officiel, encore moins celui des Forces armées togolaises (FAT). Ce qui est déjà en soi une faute grave.

Selon le Procureur de la République Essolizam Poyodi, le Colonel Madjoulba a été tué par balle, aussi entend-il élucider les circonstances du meurtre. Soit. Mais se dirige-t-on vers une enquête bâclée comme on en a déjà vu des dizaines et des dizaines au pays des Gnassingbé ? Cet assassinat vient quoi qu’il en soit remettre sur le tapis la question liée à la sécurité des autorités. Ça peut paraître un fait anodin parmi mille autres, mais si un homme aussi haut placé que Madjoulba a été aussi facilement attaqué (il est censé avoir une garde devant veiller au grain), qu’en sera-t-il alors des députés, ministres, voire du Président de la République lui-même qui vaquent la plupart du temps à leurs occupations sans arme au poing?

Quand bien même, il se serait agi d’un règlement de compte, s’en prendre à cet homme qui n’a de facto rien à redouter des siens, vu le sentiment de protection qui doit le conforter, montre déjà les failles d’une armée dont les membres en sont encore à chercher les auteurs.

Vivement que la lumière soit faite. Et que justice soit rendue.

Source : Le Correcteur No.931 du 11 mai 2020

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