Togo/L’assassinat crapuleux du Colonel Madjoulba : Et si le Général KADANGHA Abalo était le Capitaine Dreyfus du Togo ? 

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S’il y a une affaire qui a  ébranlé l’opinion publique togolaise depuis mai 2020, c’est  bien l’assassinat du colonel  Toussaint Bitala  MADJOULBA. L’assassinat de  cet officier Nawda intervenu  dans la nuit du 3 au 4 mai  2020, nuit de la cérémonie d’investiture du président de la République Faure Gnassingbé, est  venu comme un mirage pour  ternir l’éclat de cette cérémonie  haute en couleurs. 

Cette rocambolesque affaire est digne d’un scénario de  film de la mafia sicilienne. La  victime a été froidement abattue dans son bureau, d’un coup  de revolver. Cet homme d’une  stature imposante à fière allure  venait d’assister à l’investiture  du président Faure Gnassingbé.  Est-ce un hasard que ce crime  soit commis sur cet officier de  valeur le jour même de l’investiture ? 

L’assassinat de ce brave officier, a donné lieu à un simulacre de jugement rendu dans la  précipitation par un Tribunal  militaire créé par un décret présidentiel le 24 avril 2023.

 Ce Tribunal militaire  était présidé par le magistrat  Awal Ibrahim, jusque-là, Viceprésident de la Cour d’Appel  de Lomé aidé des magistrats  civils Kossi Folly et Mondo  Laré, tous deux, des Conseillers  à la Cour d’Appel de Lomé, de  deux (02) assesseurs militaires,  d’un (01) représentant du Parquet militaire; et d’un (01) greffier militaire. Les jurés et  accesseurs militaires étaient : les  Généraux Mohamed Titikpina,  Gnakoude Berena, Zakari  Nandja, Dadja Manganawé et  le Colonel Mourma. 

Qui est le Colonel Toussaint  Bitala Madjoulba ?

Le Colonel Toussaint  Bitala Madjoulba âgé de 52 ans  est un ancien élève de l’École  de guerre du Cameroun et de  l’École Nationale des Officiers  du Sénégal. Cet officier Nawda  surnommé « gros bras » a été  éliminé par homicide dans son  bureau au camp de BIR1 dans  des circonstances ténébreuses et  mystérieuses. 

En effet ce qui donne la  chair de poule est que ce crime  est perpétré à l’intérieur du  camp militaire le plus redouté.  Exécuté selon les règles d’un  scenario du far west américain  d’inspiration mafieuse, il s’est  joué sous les Tropiques. 

Oui, c’était un crime de  sang exécuté avec dextérité au  Togo des Gnassingbé et fils.  Quand on analyse les circonstances dans lesquelles ce rocambolesque crime a été perpétré,  on demeure si perplexe. 

L’auteur du scenario doit  être un excellent professionnel  qui ferait des merveilles au Hollywood.  Seulement en analysant  la mise en scène, on note  qu’elle a manqué d’imagination  pour bien adapté la scène du  crime à l’idée du suicide auquel  on voulait tenter de faire croire. 

Dans le langage cinématographique, on dira sans risque  de se tromper que le metteur a  manqué de professionnalisme  afin de donner à la scène toute  originalité. Dans le cas d’espèce  et au regard du théâtre du crime  on a l’impression que les criminels ont raté de coller les éléments de la scène à l’idée de  départ. 

Qui est donc le commanditaire ou le vrai coupable de ce  crime odieux ?

La réponse à la question  est celle que la famille du défunt et tous les Togolais attendaient. Lorsqu’on essaye de  comprendre les circonstances  dans lesquelles ce crime a été  commis, on a l’impression de  faire un voyage au pays du diable où tout est obscur.  Comme si on était au  cœur de la mafia sicilienne, tout  est fait de codes à interpréter.  Rien que des non-dits flous et  obscurs.

L’auteur du crime est  bien connu. Tout le monde le  connait, mais le monde, hypocrite qu’il est, fait semblant de  ne pas le connaitre. Et pourtant  en coulisse, les audacieux n’hésitent pas à le nommer. Son  nom est bruyant et visible  comme le né au milieu du visage. Inquiet pour leur vie, les  Togolais ont opté pour le silence assourdissant. L’illustre  coupable est connu, mais on ne  doit pas en parler. 

Comme dans la mafia,  c’est la loi du silence. Celui qui  appelle le nom de l’auteur du  crime au Togo des Gnassingbé  court le risque de le payer de sa  vie. Dans ce monde où tout se  paye cash, il est difficile de  connaitre la tête et la queue  d’une situation. 

Tout tourne en boucle.  Personne n’accepte connaitre  personne. Personne n’indexe  personne. Tout le monde  connait tout le monde. Mais  personne, à part Dieu prendra  le risque d’appeler le coupable  par son nom.  Tout ce qu’il faut retenir  est que tout le monde connait  tout le monde, Bien qu’en apparence blancs comme des colombes, ils ont leurs tâches en  dedans. Les Togolais, hum !  Des monstres en puissance.  Retenons aussi que dans  ce monde les enquêteurs et les  criminels sont parfois les mêmes. Ainsi, il est très difficile de  démêler les files pour trouver le  bon fil conducteur. Dans ce  monde où les auteurs des crimes sont en même temps les  enquêteurs, comment pourra-ton déceler le faux du vrai dans  une telle situation ? Le problème du Togo est que le diable et le saint prennent la soupe  à la même table. 

Dans notre impuissance,  nous sommes obligés de vivre  comme les animaux de la jungle où les gazelles sans défenses  sont mangées par les lions, rois  de la forêt.

  Crime dans le Camp du  premier BIR, un sacrilège qui  ne dit pas son nom 

La raison qui a créé le plus  de psychose chez les Togolais est  que le crime soit commis dans  un célèbre camp militaire. Où  mieux que le camp pouvait-on  se cacher pour être en sécurité ?  Et pourtant le premier BIR  n’est pas n’importe quelle garnison.  Ce camp de renommée  nationale appelé par le passé  camp des Forces d’Intervention  Rapide (FIR) a une réputation  légendaire dont les Togolais s’en  souviennent encore. 

C’est dans ce Camp réputé pour être une citadelle  imprenable que le redoutable  Colonel fut froidement abattu.  Ceci a laissé au Togo l’impression que personne n’est en sécurité nulle part. Le Togo n’est  plus ce havre de paix ? Oui, cette  réputation tant vantée, a disparu  comme un mirage à compter de  cette date du 3 mai 2020. Si  on peut être atteint dans un  camp alors où pourrait-on être  en sécurité ? C’est cette question  que tous les Togolais se posent. 

Qu’est que le Général  KADANGHA Abalo avait-il à  gagner dans l’assassinat du  Colonel Madjoulba ? 

Pour peu qu’on réfléchisse profondément à la portée de cet assassinat ignoble, on  se demande si le Général  KADANGHA Abalo avait-il  quelque chose à gagner de ce  meurtre quand on sait que les  deux officiers se vouaient une  affection réciproque. D’ailleurs  il l’appelait affectueusement  « son fils ». 

Hiérarchiquement parlant, le Général KADANGHA  Abalo a déjà gravi presque tous  les échelons  de l’armée. A ce  jour, il ne lui reste qu’à être le  Général de Corps d’Armée et  le général d’armée. De surcroît,  il a été Chef d’Etat-Major de  l’Armée togolaise. 

Si le Général  KADANGHA Abalo devait  avoir quelque chose à gagner  disons que ça ne serait pas la  petite place de Commandant  de régiment qu’occupait le Colonel. Dans la vie on est appelé  à avancer et non à reculer.  D’ailleurs il le préparait à faire  la même carrière que lui. Cette  trajectoire qui se dessinait faisait même grincer déjà les dents  à certains officiers. 

Des ratés dans le maquillage  de la scène du crime 

Plus tard, pour se rattraper, surement avec l’intervention d’autres experts plus futés,  il a été remarqué qu’il y a des  ratés dans le maquillage de la  scène qu’ils ont décidé de  requalifier.

Ainsi, avec les éléments de preuve qui sont en  place, les spécialistes de la mafia ont décidé de simuler le  crime plutôt en un assassinat au  cours duquel l’acteur principal  serait le chauffeur : le Caporal  SONGUINE. 

Ainsi la mise en scène tentait vainement de démontrer  que le chauffeur ne serait pas  sorti du camp avant l’heure du  crime. Dans cette optique, ils  prirent soins de relooker la scène  en l’entourant d’un floue artistique, ce qui va compliquer les  enquêtes. Tout ce montage n’a  convaincu personne. 

Mal intentionnés, les enquêteurs ont eu du mal à faire  parler tous les faits dans le sens  de la nouvelle qualification. Ce  jonglage a donné au procès l’allure d’une symphonie inachevée.  Malgré tout, les juges qui  sont coptés dans un esprit subjectif sont restés jusqu’à la fin  du procès muets sur le nom du  vrai coupable de qui les autres  prévenus sont complices.

Qui  est le coupable ou le commanditaire de l’assassinat du Colonel Madjoulba ? La tentative de charger injustement le Caporal Songuine  du crime de son patron, n’a pas  convaincu l’auditoire pour la  raison que le maquillage de la  scène du crime est faux.   

Finalement le crime n’a  ni pris le visage du suicide ni  celui d’un crime dans lequel  l’homme-orchestre serait le Caporal Songine, le chauffeur.  Quant au Colonel  Agbankou, l’Adjoint du chef  corps assassiné, son péché vient  de ce qu’en toute ignorance il  aurait naïvement empêché le  chauffeur de ramener discrètement les armes et minutions au  bureau pour corroborer la thèse  du suicide. Le Colonel  Agbankou n’étant pas dans les  secrets des dieux, il ignorait tout  des stratégies que les criminels  affutaient pour donner au crime  les apparences du suicide. Pour  l’avoir fait, il est apparu comme  le saboteur de l’opération tel que  le voulait les criminels pour se  tirer à bon compte de l’affaire.  Ceux-ci voulaient donner un pinceau au maquillage de la scène. 

A qui profite l’assassinat du  Colonel Madjoulba ? 

La bonne question que  les juges ont manqué de se poser est celle de savoir : à qui  profite le crime ? La réponse à  cette question est donnée par  la lettre à titre posthume du  président de la Cour Constitutionnelle, le juge Aboudou  Assouma. Cette lettre publiée  à titre posthume en dit long sur  cet assassinat. Voici in extenso  cette lettre.

 « Mon Cher et Très Respectueux Président FAURE ! 

Sans me départir de l’humilité  qui convient pour m’adresser  à votre personne, investie d’une  si haute et illustre autorité  comme la vôtre, souffrez que  je vous dise ici ces quelques  mots que vous trouverez forts,  mais que je retiens indispensables et urgents. La nouvelle de  l’Assassinat de votre officier  Toussaint Bitala, qui, mieux  que nous tous réunis, vous estime et vous respecte pour vous  avoir démontré et exprimé,  clairement et courageusement  son opinion sur ce fameux quatrième mandat, me force à vous  déclarer simplement et catégoriquement que je ne suis pas  d’accord avec vous pour cette  fois-ci ! Oui, je ne suis plus d’accord. Je me suis tu, je me suis  contenu…mais je regrette sincèrement de vous avoir remis  sur ce siège. 

Mon Cher Président,

Je vous  respecte profondément, mais  laissez-moi vous dire que vous  avez débordé, vous avez exagéré : « alea jacta est ! ». Oui, vous  me rendez la tâche trop compliquée cette fois-ci. Le sang que  vous venez de verser sur votre  trône patriarcal, est trop chaud,  trop brûlant. Vous l’aurez déjà  ressenti vous-même. Même votre silence, mon silence résonne  tellement fort au point de casser les tympans. Alors, acceptez que je vous fredonne mes  reproches: je comprends combien vous en avez besoin, en ce  moment. Car en cette heure-ci,  tous ont peur de vous ! Et très  difficilement, vous trouverez  qui puisse vous aimer jusqu’à  vous dire la pure vérité, cette  vérité libératrice : vous avez  franchi le Rubicon ! Aussi, faut-il que je vous interpelle.  Pour toi, et toi seul, j’ai accepté  de ne pas considérer toutes ces  irrégularités qui ont émaillé ta  copie du 22 Février dernier.

Délibérément et par respect pour  toi, j’ai évité de prendre en  compte l’argumentaire de la  Dynamique, oh ! Combien clair,  probant et convaincant de la  Victoire écrasante de notre Vieil  ami AGBEYOME, celui que de  façon unanime ou presque le  Peuple Togolais a choisi de suivre dorénavant. Je me rends à  l’évidence que tu ne m’as pas  fait confiance. Pas du tout ! Et  à présent avec cet ultime acte,  tu viens de remettre en cause  toute notre «Opera».  Pour toi, j’ai accepté de ne pas  évoquer l’erreur commise par  nos « braves » agents du terrain,  qui ont laissé circuler les fameux carnets de bulletins prévôtés de l’imprimeur Toundé.  Pour toi, j’ai fermé l’œil sur les  nombreux cas où les Votants  ont dépassés les Inscrits créant  un embarras sans précédent on  ne peut plus inédit et inextricable. Pour toi, j’ai consenti à  maintenir non sans quelque  stratagème les 70% produit par  la machine. 

Et last not least, par amour  pour toi et pour toi seul, j’ai  bravé même cette Malédiction  Divine suspendue, telle une  épée de Damoclès, au geste de  cautionner la non-vérité, le score  non-vérifié dont l’effet perdurerait jusqu’à ma troisième génération. Même si nous ne sommes pas encore au Gondwana,  il y a là assez de matières à inquiéter plus d’un. 

Bitala n’est plus… ? Mais je parie que nous aurons affaire à  des milliers de Toussaint Bitala.  Que dis-je ! Tu auras affaire avec  bien d’autres Bitala. Blague à  part ! Tu aurais laissé MADJOULBA ! Tu aurais dû ne  pas le toucher ! et ensemble nous  l’aurions contraint au silence  autrement, comme nous savons  si bien le faire, ainsi que cela se  fait sous d’autres cieux. Mais le  fait de lui avoir retiré le souffle  rend la bataille vraiment inutile.  Je ne saurai combattre « un  mort qui crie» dans ma tête et  dans ma conscience. 

Regarde un peu vers la direction  de notre peuple… Oui ! Ce peuple qui a voté pour toi. Regarde  vers ces visages lourds de larmes;  moi, je vois déjà se déplacer un  «mont blanc», qui avance tel un  « cheval blanc». Je dénote quelque chose qui me dépasse. Ce que  je note là s’impose à moi, et je  m’incline à présent : Lex quod  notamus ! Lex quod noto». Oui,  moi Aboudou, j’abdique ! Oui,  moi ASSOUMA, j’assume mon  impuissance devant la douleur de  ce peuple dont le regard silencieux crie et bourdonne dans mes  veines.  Mon cher Président, souffrez  que je vous le redise très respectueusement : « Alea Jacta Est «  dixit » Aboudou ASSOUMA ».  Fin de citation.

Cette lettre se suffit à elle-même  pour nous faire comprendre la  circonstance de la mort du brave  Colonel Toussaint Bitala  Madjoulba. Elle se passe donc de  tout commentaire. 

L’assassinat de Toussaint Bitala  Madjoulba, une belle occasion  pour faire d’une pierre deux  coups 

S’il y a, depuis 1960, une  affaire qui a ému le Togo et ses  dirigeants c’est bien, après le  coup d’Etat de 1963, l’assassinat  du Colonel Madjoulba. Il n’y a  pas de doute que la tentative d’assassinat de Gilchrist Olympio et  l’assassinat de Tavio Amorin ont  aussi ébranlé le Togo mais n’ont  pas créé autant d’émoi que l’assassinat du Colonel Madjoulba  dans la nuit du 3 au 4 mai  2020.Cette affaire a fait la peur  panique dans les camps. 

Les deux crimes ont fait  certes du bruit mais, ils n’ont pas  fait trembler la grande muette  comme le meurtre du Colonel  Madjoulba. Ce crime a atteint  toute la grande muette pour la  raison qu’il a été perpétré dans  un camp militaire. Ce qui met  en doute la capacité de l’armée à  nous sécuriser.  Le scenario relatif à une affaire décrit une scène du milieu  mafiosi. Comme au cœur de la  mafia de Palerme, il est difficile  de connaitre les tenants et les aboutissants de cet assassinat. Cette affaire n’a ni de tête, ni  de queue. Elle est pareille à un  serpent de mer. Il est difficile  de savoir qui peut être le commanditaire et qui en sont les  exécutants. 

Cet assassinat est semblable à une équation dont la  résolution se fonde sur l’infinie. Pour cette raison, beaucoup de montages faits pour  détourner la responsabilité du  vrai commanditaire qui évite  de porter la poisse.  C’est alors qu’est venue  l’idée de sacrifier quelqu’un  dont la compétence faisait  peur. A cette fin, les serviteurs  zélés firent des montages pour  faire porter le chapeau à un des  fidèles parmi les fidèles. Le  Général KADANGHA Abalo  est l’agneau sacrificiel.  On devait s’attendre à  ça depuis qu’on s’est servi de  lui pour arrêter Kpatcha  Gnassingbé, il était devenu un  épouvantail pour le pouvoir.  C’est une simple déduction  mathématique. Après cette  opération sans savoir qu’il cristallisait des peurs bleues. Devenu l’homme à abattre, si on  se réfère à la théorie que Nicolas Machiavel a développé dans  son ouvrage « le Prince ». 

Dans cette optique, on  pouvait prédire que ce qui est  arrivé au Général  KADANGHA Abalo, lui qui  était l’irréductible défenseur  du régime, devait arriver. Lentement mais surement ses dé-  tracteurs préparaient le  bouillon de la vengeance à feu  doux. 

A cette fin, ils distillaient, des informations contre lui. A ceux-ci sont venus  s’ajoutés les partisans  d’Atchadam qu’ils se sont engagés à mater avec la plus  grande rigueur.  Naïf, le Général  KADANGHA Abalo l’a été. Il  croyait que ses prouesses plaisaient à la plus haute hiérarchie  militaire et politique. Mais, en  réalité il se trompait. Il n’a pas  compris que celles-ci étaient  trop pour lui. Il ne savait pas  que quand on soupe avec Lucifer, il faut se munir d’une longue louche. Le Général  KADANGHA Abalo n’a pas  aussi compris que la sauce du  gombo se mange à distance. Le  Général KADANGHA Abalo  n’a pas surtout enfin compris  qu’il donnait plutôt des insomnies à la haute hiérarchie. 

Le Général KADANGHA Abalo n’a pas  compris que la méthode selon  Nicolas Machiavel dans son  ouvrage intitulé : « Le  Prince », pour prendre le pouvoir et le conserver, il faut écraser les collaborateurs les plus en  vue. Sur ce, on peut conclure  que Nicolas Machiavel, reste le  meilleur conseiller de tous les dictateurs du monde.  En somme, aujourd’hui  la famille du Colonel  Madjoulba et toute l’opinion  togolaise sont loin de croire que  le Général KADANGHA Abalo  est l’auteur du meurtre de cet  homme. En clair, il a été éliminé par mesure de prudence. 

De même, le Général  KADANGHA Abalo, même s’il  a la chance d’être encore vivant,  son tour est arrivé aujourd’hui  d’être au frais pour éviter qu’il  ne soit tenté un jour de…  A dessein les juges du tribunal  militaire ont manqué de  rigueur dans l’exploitation de  certains éléments clés du  dossier  En effet, on se rappellera  que lors du procès, Akona la secrétaire du Colonel déclarait avoir  entendu des bruits qui l’ont  donné la truie. En effet, elle disait qu’elle avait entendu quelque  chose comme de la prière. Elle  s’était demandée pourquoi le chef  ne les ferait pas à la maison et c’est  au bureau qu’il vient pour les  faire. Elle a aussi ajouté qu’après  ces prières, elle a l’entendu dire «  sortez de mon bureau ». Ceci  laisse penser que certaines gens se  sont introduites dans le bureau  pour commettre le forfait.  L’échelle qu’on a trouvée derrière  le bureau est une diversion.

 Ces faits qui devaient retenir l’attention du  tribunal sont passés inaperçus.  Qui était au bureau du colonel  à cette heure si tardive ? En voilà  une question que le tribunal  devait poser. Ces faits auraient  fait penser à l’intrusion des malfaiteurs dans son bureau. Mais  la complicité était si grande dans  le camp que personne n’a osé lever le petit doigt. Comment de  pareils évènements peuvent se  produire dans un camp sans que  la DEO, un groupe de militaires retenus au camp pour parer  aux éventuels cas imprévus.  Pourquoi n’a-t-on pas  pris en considération l’observation du général en ce qui concerne la balle extraite qui n’est  pas les minutions que les  berettas utilisent. Il a même ajouté que c’est une balle israélienne que la garde présidentielle  utilise. Cette déclaration  n’aurait pas été suffisante pour  amener les juges à sonder  d’autres pistes ?  En plus, celui qui est  chargé de servir le Colonel déclare avoir entendu un bruit  qu’il a assimilé à la chute d’une  mangue sur le toit en tôle. Pendant le même temps les agents  qui étaient de DEO, en toute  indifférence disent qu’ils regardaient un film porno!!! Quelle  démission curieuse des soldats  dans un camp d’élites ?

 L’autre fait insolite que  les juges n’ont pas cru devoir  s’intéresser est la mort par torture du Sergent Alluyan, un pré-  venu à qui l’ANR aurait cassé 5  côtes. Pourquoi la mort de ce  tireur d’élite, reconnu de tout  le monde au camp FIR n’a pas  retenu l’attention du Tribunal? 

L’homicide volontaire du  Sergent Alluyan cache quoi ? Ou  qui ? N’était-ce pas lui, ce tireur  d’élite auteur du coup fatal ?  D’ailleurs, lors du procès, tous  les experts ont qualifié le tir fatal de « Professionnel ».  Pourquoi le Sergent-chef  Okanto et autres ont refusé de  répondre à l’appel au secours  de Akona, la secrétaire ? 

Pourquoi y a-t-il eu cette nuit  du 3 au 4 mai 2020, de nombreuses désertions dans les postes de garde ?  Est-ce que la consultation minutieuse du téléphone du Caporal Sanguine par les experts  n’aurait- pas permis de savoir  qui l’a appelé la nuit et pourquoi faire ?  Enfin le temps du sacrifice est  venu : le Général Kadangha  Abalo est payé en monnaie de  singe. 

L’assassinat du Colonel  Madjoulba et le procès de ses  soi-disant coupables a été une  occasion en or pour se débarrasser d’un homme qui a été  de tout temps redouté. Le Général Kadangha Abalo qui faisait peur a été payé d’une monnaie de singe. 

L’histoire de ce pays offre  d’innombrables exemples qui  corroborent cette philosophie.  En effet, dans les années 1990,  le Général Gnassingbé, le père  de Faure n’aurait jamais repris  en main son pouvoir si un  groupe d’Officers kabiyè parmi  lesquels, il convient de citer les  Colonels Kouma Biteniwé et  Djoua Yoma ne s’étaient pas sacrifiés. N’eut été la détermination légendaire de ces deux hommes, Eyadema aurait quitté le  pouvoir par la petite porte. 

Mais quand la tempête est  passée, les deux hommes ont été  écartés, sans ménagement. Si le  premier doit sa vie à son exil au  Burkina Faso, le deuxième s’est  pourri dans une cellule de la prison de haute sécurité à Kara. Il  en est ressorti complètement  défait pour aller mourir. 

Au-delà de l’assassinat du  Colonel Madjoulba, que dire  de la mort du Colonel Bataba  et autres ? 

A propos de la mort du  Colonel Bataba, il faut être un  devin pour dire avec exactitude  les causes de l’accident à l’issu  duquel cet officier a perdu la  vie. La mort du Colonel Bataba  consécutive à celle de son frère,  a-t-elle un rapport de cause à effet avec celle du Colonel  Madjoulba ? Beaucoup de  Nawda le pensent. 

De sources dignes de foi,  il paraît qu’à la vue du corps impressionnant de son frère, cet officier aurait manifesté un état  d’âme qu’on aurait rapporté au  haut commandement qui décida  de l’envoyer en mission à l’issu  de laquelle il n’est plus jamais  revenu. Sa réaction serait interprétée comme des menaces. 

L’assassinat du Colonel  Mdjoulba est-ce une cabale des  Kabiyè contre les Nawda ? 

Vivant en parfaite intelligence, les Kabiyè et les  Nawda ont toujours été des  complices jusqu’à ce qu’un  couac intervienne dans les premières années des indépendances. Les faits remontent au  temps où le Colonel Kleber  Dadjo dirigeait la transition après  le coup d’Etat de 1963. Suite à  une mésentente avec Eyadema,  un certain Madjoulba, père du  Colonel défunt, avait pris la tête  d’une fronde Nawda contre les  Kabyè qui a failli perturber  l’unité du commandement par  la création d’une faction à caractère tribal. Arrêté et mis en tôle  pour quelque temp, Eyadema  ordonna sa mutation du corps  militaire vers un autre corps où  il prit sa retraite. 

Tel père tel fils dit-on souvent. Comme, l’avait tenté le  père, le fils a voulu suivre  surement les pas du père. Il n’est  pas étonnant, car le Colonel  Madjoulba est le fils de son père.  Fort de cela il donnait des insomnies au fils d’Eyadema  Gnassingbé, surtout qu’après les  élections, il aurait refusé de donner le drapeau au président élu.  Ceci n’explique-t-il pas cela ?  Et si le Général Kadangha  était le capitaine Alfred  Dreyfus du Togo ? 

L’histoire du Général  Kadangha Abalo n’est-elle pas  pareille à celle d’Alfred Dreyfus ? 

En effet dans la nuit du 3 au 4  Mai 2020 le Colonel Madjoulba  fut assassiné par des inconnus.  Mais dans la même nuit le Général Kadangha Abalo est accusé à  tort ou à raison par des rumeurs  distillées surement par les vrais  assassins d’en être le coupable.  Comme le dit une sagesse  kabiyè, la chanson qui est déjà  apprise est facile à se reprendre  en chœur. A partir de ces rumeurs qui ne se fondent sur rien  de sérieux, le Général Kadangha  Abalo est indexé comme coupable de l’assassinat du Colonel Madjoulba. Ainsi, sans  aucune enquête sérieuse, le Tribunal militaire aurait entériné  cette rumeur. 

Eu égard au refus du Tribunal de tenir compte de certains éléments de droit, ce procès nécessite d’être révisé comme  le procès du Capitaine Alfred  Dreyfus en France pour que le  droit soit dit avec beaucoup de  rigueur pour qu’on n’ait pas  l’impression qu’il est simplement organisé pour éliminer  quelqu’un dont on a peur. 

Concernant le Capitaine  Dreyfus, il faut rappeler qu’il  était un officier d’Etat-Major de  l’armée de terre française injustement accusé par l’armée française d’être auteur de la fuite  d’informations au profit de  l’Allemagne. Il a été arrêté le  13 octobre 1894. Le Conseil  de guerre le condamne lourdement après un procès truqué,  avec des pièces falsifiées dans le  dossier d’accusation : l’officier  est envoyé dans un bagne à l’île  du Diable en Guyane. Or  Dreyfus ne cessera pas de se déclarer innocent. En parallèle, sa  famille, des journalistes et des  politiques le soutiennent, mettant au jour les anomalies du  procès et réclamant sa réouverture. Ce qui fut fait. 

Qu’il me soit permis qu’à  travers cet article de plaider  pour la libération du corps du  Colonel Madjoulba afin que la  famille fasse le deuil. Ceci permettra le repos éternel de son  âme. Si en France, cela a été possible, ça devrait l’être aussi au  Togo dans la mesure où les 2  juridictions sont du droit romain.

Vladimir Tamar 

Source : La Dépêche N°1185 du 28 Février 2024

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