La CEET est sérieusement enrhumé. Contrairement au grand mensonge de la compagnie à ses clients, c’est l’histoire qui se répète. C’est un problème de dettes vis-à-vis des fournisseurs d’énergie qui est à l’origine des délestages sauvages. La CEET doit beaucoup d’argent à ceux qui lui vendent de l’énergie qu’elle distribue aux Togolais. C’est la loi de l’offre et du respect des engagements contractuels entre prestataire et consommateur. Exactement de la façon dont la CEET peut de façon loisible couper l’électricité à un consommateur insolvable, elle-même est privée de la marchandise qu’elle vend, l’arroseur est arrosé. On se demande alors pourquoi cette longue gymnastique truffée de communiqués mensongers.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ces délestages arrivent. Ce fut le cas en 2018 où nous écrivions alors. « Pour non-paiement de factures, le Nigeria adressait, il y a peu, une lettre de menace de rupture en fourniture d’électricité à trois de ses clients dont le Togo. Cette menace semble l’absence de la menace ne signifie pas qu’une solution est trouvée. Il a plutôt été question de réductions des quantités traditionnelles fournies par le prestataire». Ceci a été écrit dans notre livraison 331 du 31 août 2018.
L’histoire des délestages va se reproduire en 2022 et notre édition Numéro 358 du 16 février avertissait en ces termes : « A l’allure où évolue la situation, le jour où les voisins fournisseurs à crédit de l’électricité au Togo vont taper du poing sur la table, le Togo risque de broyer le noir et les délestages en cours ne sont pas pour annoncer une bonne nouvelle. Et portant ce ne sont pas les initiatives pour trouver une solution à l’énergie qui ont manqué. Mais chaque projet commence avec un optimisme béat sur fond de propagande, mais il ne tient que le temps d’une inauguration. Les évènements se suivent et se ressemblent bizarrement par leurs résultats scandaleux. Contour Global, Kékéli ‘‘éfficient power’’, voici deux scandales noyés dans le silence» et l’impunité.
Aujourd’hui, la CEET est rattrapé par les mêmes problèmes et on nous parle de maintenance chez le fournisseur ou sur le réseau. Nous ne sommes pas de petits profanes qu’on peut tromper au premier tournant. A ceux qui s’étonnent chaque jour des scandales alors qu’ils ne veulent pas lire ou lisent mal les révélations quotidiennes sur les scandales de la République, vous pouvez servir ces farfelus mensonges. Au vu des problèmes déjà édités dans les parutions antécédentes que nous allons vous rappeler, la CEET est étranglé par l’endettement. Nous avions vu venir, et on ne s’est pas tu. La CEET a cumulé des arriérés de payement de facture et le fournisseur ne peut pas continuer par livrer l’énergie à un créancier insolvable. Contrairement au mensonge véhiculé après une longue période de coupures anarchiques, nous invitons la CEET à prendre les dispositions pour payer ses créances afin du retour à la normale.
La politique énergétique du pays est enrhumées et la CEET étant le poumon de cette politique, ses difficultés ne peuvent que refléter sur ce rhume qui ne vient que de commencer à la lumières des lignes que nous vous rééditons ici. De contour global au mort-né KEKELI, pour revenir à l’incertaine unité de production d’énergie solaire de Blita, le Togo est encore loin de sortir de l’auberge. Mais la grande racine du mal énergétique qui risque d’étouffer et de plomber financièrement la CEET est un éléphant avec un pied cassé: cette racine s’appelle Contour Global Togo SA. C’est avec ça qu’un certain Faure Gnassingbé veut diriger à vie le Togo. Dans la gestion des affaires publiques, quand on ne peut pas on laisse. Que s’est-il passé au juste avec la très ventée entreprise? Du parlement au gouvernement, comment toute une République a pu se laisser aussi facilement gruger par quelques escrocs en connivence avec des cowboys au goût d’un Etat voyou? Que dit le contrat? Que risque la CEET avec cet engagement contractuel qui s’apparente à une euthanasie d’une société étatique?
Vous aviez lu ceci en 2018 au rendez-vous livraison 331 du 31 aout
« Historique et contexte d’un scandale
Quand Mr Faure Gnassingbé prenait les reines du pouvoir, les centrales de la CEET étaient largement insignifiantes comparativement à la demande: le groupe diesel de 10 MW installé à Lomé comme début de solution n’a marché que de 2007-2008, l’achat de 14 groupes thermiques pour une capacité totale de 12 MW à 7 milliards CFA, la réhabilitation de la centrale thermique du siège de la CEET pour 3 milliards CFA, tout ceci est en deçà des besoins. Le Togo décide alors, de bonne guerre d’ailleurs, de courir derrière un producteur indépendant d’électricité. D’où il a fait appel à la centrale thermique de Contour Global. Mais les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, que s’est-il passé au juste avec la très ventée entreprise Contour Global à laquelle on attribuait une capacité de 100 MW? En lieu et place d’une vraie centrale énergétique qu’on dit pouvoir réduire les frais de l’électricité, le Togo n’a récolté qu’un sulfureux engagement contractuel qui s’apparente à un poison lent pour l’économie de la CEET. Par la faute de Contour Global le Togo a déjà connu deux majorations du prix du KW pour le consommateur. Le Togo est toujours malade des délestages en cascade, et les populations et opérateurs économiques doivent prendre leur mal en patience.
La CEET, c’est la Compagnie Energie Electrique du Togo. La politique énergétique de la sous-région a connu des crises en 1983, 1994, 1998 et 2006. Dans une édition, nous vous disions que cette compagnie a signé le 19 octobre 2006, une convention de concession d’une durée de 25 ans pour « la réhabilitation, l’extension et l’exploitation de la Centrale Thermique de Lomé (CTL) ». La compagnie a donc signé avec la société Contour Global Togo S.A., société anonyme de droit togolais inscrite au numéro RCCM Lomé-Togo NUMERO 2006 E1134 pour un capital de trois milliards deux cents dix-neuf millions trois cents quatre-vingt mille CFA (3.219.380.000Fcfa). Ladite société est représentée par son Président du Conseil d’Administration, Monsieur Allain Tronche. L’article 9.5.2 de la convention stipule que le promoteur, Contour Global, s’engage à négocier avec la CEB un contrat d’Achat/Vente d’énergie dans le respect des textes communs au Togo et au Bénin.
Très tôt, les négociations entamées entre Contour Global, promoteur-vendeur d’énergie et la CEB échouent. Par lettre N°426/06/MME/CAB/SP du 4 décembre, le ministre togolais de l’énergie, au nom du gouvernement, invite alors Contour Global à négocier directement avec la CEET. Le 14 mai 2007, le gouvernement togolais autorise la signature du contrat entre la CEET et Contour Global Togo, ainsi fut-il. La certitude est que le Togo, devant l’incertitude par rapport au gaz qui se fait vainement attendre du Nigeria, le gouvernement togolais finit par demander à Contour Global «d’examiner et d’envisager la possibilité de démarrer la production de l’énergie électrique par d’autres moyens en attendant la disponibilité du gaz », ce qui fut exécuté. Toutes les documentations, en notre possession, se recoupent sur le fait que ce marché a été concédé à Contour Global sans appel d’offre. Certes, ces habillements ont tenté d’offrir une légalité, mais une réalité reste immuable, aucun appel d’offre n’a été lancé pour ce projet qui fait pourtant 192, 4 millions de dollars US. Deux grandes anomalies, pour ne pas dire crimes, font de ce projet une guillotine pour l’économie du contrat. En effet, l’article 4.3.1 stipule que « le combustible de base utilisé par les groupes est le gaz naturel. Cependant, les groupes fonctionnent au HFO, Fuel Lourd, comme combustible de base pendant la période précédant la mise en vigueur du contrat de fourniture de Gaz naturel. Les groupes peuvent, en cas de nécessité, fonctionner au DDO, diesel distillé comme combustible de secours… ». Ces combustibles et autres auxiliaires et lubrifiants ont un prix. Contre toute attente, c’est bien l’Etat togolais qui doit payer ce prix.
A la lecture de l’article 5.2.3, l’acheteur, donc la CEET « s’engage à respecter les conditions de paiement des combustibles nécessaires au fonctionnement des moteurs diesel de la centrale, conformément aux stipulations du contrat ainsi qu’aux textes de contrat de fourniture de combustible conclus par le vendeur, c’est-à-dire, Contour Global. Ceci au nom et pour le compte de l’acheteur, la CEET ». Donc c’est le Togo qui doit payer pour l’achat de combustibles, lubrifiants et auxiliaires qui servent à tourner les machines que Contour Global utilise pour produire l’énergie à vendre au Togo. C’est ce que reprennent aussi les dispositions de l’article 8 « approvisionnement de la centrale en combustibles et lubrifiants ». Plus loin, le contrat donne le coup fatal sur le point touchant au nerf de la guerre: les finances. C’est ainsi que les colonnes de l’article 12.1.1 avancent: « en vue de garantir au vendeur le règlement dans les délais des factures, l’acheteur s’engage à mettre en place et à maintenir, par une convention, un compte réservoir de cautionnement dénommé compte de sécurité dans un établissement de crédit de premier ordre installé au Togo, agréé par le ministre chargé de l’économie et figurant sur une liste disponible à la BCEAO, choisi d’un commun accord par les parties…. ». L’alinéa 1.2 du même article de poursuivre, « le montant initiale du niveau de compte de sécurité est fixé à un milliard deux cent millions de CFA (1.200.000.000 F CFA) correspondant à environ une échéance du montant prévisionnel de la rémunération mensuelle du vendeur… ». Les dispositions du même article prévoient l’utilisation du compte de sécurité et une garantie bancaire de base de 2.400.000.000 CFA, même si la somme sera revue de moitié après deux ans de fidélité comptable. « Le montant initial du niveau de garantie bancaire est fixé à deux milliards quatre cent millions de CFA, correspondant à environ deux échéances du montant prévisionnel de la rémunération mensuelle du vendeur ».
Fonctionnant au Gaz naturel, au LFO, gaz distillé et au HFO, fuel lourd, la centrale est mise en service en octobre 2010. L’énergie produite est directement enlevée par la CEET dans le cadre d’un contrat achat-vente assorti de ce que le jargon désigne par ‘’prise ferme’’. De sa date de mise en service à septembre 2014, contrairement aux attentes qui sont de 3400 Giga Wattheures, la centrale a produit moins de 700 Giga Wattheures, soit moins du tiers de sa capacité. Comme si cela n’était pas déjà scandaleux, les dépenses de production, largement supportées par la CEET, font 100 milliards de F CFA dans le même laps de temps. En 48 mois, Contour Global doit avoir été payé, aux bas mots, à concurrence de 57 600 000 000 FCFA à partir de nos banques pour sa vente de l’énergie à la CEET. Nos investigations appuyées de documents confidentiels renseignent que le surcoût généré au dos de la CEET, sans oublier les frais indus, que celle-ci endosse par la faute d’un contrat suicidaire, est de 36 milliards CFA soit 9 milliards par exercice. Le constat aussi effarant qui se dégage est que le coût de revient global du kilowattheure produit est de 166 FCFA à contour global contre 56 FCFA/kwh pour l’énergie achetée à la CEB. Du coup, en termes de coût, la CEB reste largement plus compétitive que Contour Global contrairement aux ambitions qui fondaient le projet. Ce projet a permis aux voleurs de la République de se servir en toute quiétude. Le Togo continue à importer une bonne partie de son énergie. Une partie vient de la TCN, une autre de la VRA; plus loin la CIE, Compagnie Ivoirienne d’Electricité, et de Nangbéto. Tous ces fournisseurs avec des quantités qui varient selon la pluviométrie et autres aléas.
Adjaralla est sensé produire 147 MW, mais 70 MW seuls viendront au Togo. Les techniciens que nous avons approchés estiment que même avec l’arrivée du gaz, la compétitivité du coup de production de Contour Global restera à démontrer devant ce que les spécialistes ont dénommé par le ‘‘mix énergétique’’ de la CEB.
La mort lente d’une société d’Etat
L’équilibre financier, déjà précaire, de la CEET est présentement mis en mal par le coût fixe de la centrale. Le ‘’take or pay’’ étrangle la boîte. La mise en œuvre de Contour Global menace économiquement la CEET. Il a existé une erreur fatale d’appréciation du risque de l’indisponibilité du gaz, ceci a conduit à une surévaluation du volume de la prise ferme. Insuffisance des capacités escomptées, pressions financières imputables aux comptes séquestres à ECOBANK et autres faux frais. Le projet est un grand échec qui crève les yeux. Huit ans après, jusqu’où le Togo doit-il attendre devant cet engagement économique suicidaire?
Contour Global, c’est un projet pharaonique dont le financement, un prêt à payer par le contribuable togolais, a été obtenu auprès de l’OPIC, Oversea’s Privat Investment Co à 80%. La SFI, Société Financière Internationale, est aussi présente dans le capital à 20%. Le prêt est destiné à un projet qui devait permettre une autonomie énergétique via une production moins onéreuse qui devait concurrencer les offres de la CEB. La société devait produire et vendre toute sa production à la CEET. A l’entame, la centrale est supposée se servir du gaz naturel du projet gazoduc d’Afrique de l’Ouest dont devait profiter le Togo, le Bénin et le Ghana afin d’un apprivoisement stable et peu onéreux. La CEB est alors partenaire. Mais il se révèle après que Contour Global n’est rien d’autre qu’une escroquerie propre montée de toutes pièces par Barqué Barry Moussa et Damipi Noupokou et leurs filières sous la supervision de leur utilisateur Faure Kodjo Gnassingbé, président de la République. La société arrive avec un bataclan d’avocats pour défendre tous les aspects juridico-économiques du contrat. Pour sa part, l’Etat togolais n’avait pris aucune disposition juridique. Un contrat dit ‘’Take or pay’’ est alors signé avec la société. En jargon économique au-delà du ‘’take or pay’’, ce sont les comptes de la CEET qui sont gagés, donc les comptes bancaires de la CEET sont mis en gage.
La société produit pour la CEET, cette dernière fait ses recettes avec pour priorité de payer d’abord l’argent des prestations de contour Global. Comme par enchantement, à cette close, s’ajoutent d’autres: la CEET doit acheter le combustible qui tourne les machines de Contour Global. Elle doit prendre en charge les auxiliaires de production, c’est-à-dire, les eaux de refroidissement, les BAC de stockage loués auprès de la STL à 90 millions par moi le bac. A un moment donné, Contour Global doit être gérés par la CEET parce que le Sieur Damipi et ses affidés se sont arrangés pour que ce soit ainsi. La gestion des Huit groupes est alors versée à la CEET. En 2013, la CEET fait 1,2 milliards de bénéfice contre 3 milliards precedemment. L’offre est largement en deçà des attentes. En janvier 2014, malgré elle, la CEET prend tout Contour Global. Il faut ajouter que, pendant que Contour Global devait fournir 100 MW, Lomé seul consommait 116 à 120 MW. A son arrivée, la société dite américaine était considérée comme capable de rendre le Togo autosuffisant et même, prévoyait-on, « avec Contour Global, le Togo sera exportateur ». Mais présentement à chaque année, l’Etat met à disposition de la CEET un appui financier d’au moins 3 milliards pour l’approvisionnement en combustible. Le consommateur endosse l’ardoise quand on sait aussi que, au nom de toute cette pagaille, la CEET a révisé, par deux fois, en JUIN 2009 et en janvier 2011, à la hausse les prix du KW pour le consommateur.
Devant cette situation, entre-temps la CEET a tenté une révision du contrat de Contour Global, mais rien. Les Américano-Togolais on tout barré. Le débat reste encore ouvert. Le contrat court toujours avec les conséquences pour la survie économique de la CEET. La situation de difficulté financière engendrée par ce criminel contrat court encore.
Il faut renégocier le contrat afin de revoir à la baisse les prétentions de Contour Global Togo et donner de l’oxygène à la Compagnie nationale. Mais avec quel arsenal juridique? Le contrat fut signé avec des clauses non seulement contraignantes mais aussi irrévocables contre l’Etat togolais. Les Américains, encore faut-il que ce soit vraiment des Américains, ont juridiquement verrouillé le contrat et il est tellement difficile de trouver une faille pour provoquer la renégociation de celui-ci. Devant cette difficulté, en 2014, le cabinet McDermott Will & Emery a été commis pour étudier une porte de sortie. Un rapport confidentiel de 52 pages est pondu. Toute une armada de documents a été mise à la disposition du cabinet pour les besoins de la cause. Quel travail a-t-il fait? Etalé sur 60 pages assortis des documents confidentiels, le contrat de Contour Global et ses démembrements à notre possession prouve éloquemment les motifs qui se cachent derrière le fait que les contrats de privatisation et autres concessions financières entre l’Etat togolais et ses partenaires en affaire restent toujours des secrets de couvent. A chaque fois que l’Etat signe un contrat avec un partenaire étranger, c’est pour couler une société parce que les gens veulent s’enrichir. A la lumière des termes du contrat, il n’existe que deux options : soit Contour Global est tout simplement une fabrication de Monsieur Faure Gnassingbé et ses sous fifres qui se sont arrangés avec de prétendus Américains afin de mettre financièrement sous coupes réglées une société d’Etat, soit la première autorité du Togo n’est pas associée au braquage. Dans ce dernier cas, lui-même est incompétent et criminel ».
En 2022, notre édition Numéro 358 du 16 février suite à l’incendie de la centrale Kekeli seulement quelques mois après son inauguration, nous avion rebondi.
« Togo, le scandale économique dans son biotope: Que devient l’éléphant blanc de Kékéli ?
Dans notre pays, l’autosuffisance énergétique est un discours pieux. Comme une malédiction, du père en fils, à chaque fois que l’autorité publique sème des ambitions pour résoudre l’épineux problème de l’énergie, le pays ne récolte que crime économique, éléphants blancs et scandales. Sous Faure Gnassingbé, c’est d’abord Contour Global et tout récemment Kékéli Efficient Power et ses flammes.
C’est depuis 2018 que tout a commencé avec la race de ceux qui n’ont plus rien à vendre au Togo. Monsieur Marc Ably-Bidamon, alors ministre en charge de l’Énergie faisait partie de l’équipe pionnière de ceux qui s’apprêtaient déjà à vendre un scandale à leur patron. On se fixe un objectif : répondre au défi de l’accès à l’électricité en Afrique. Il faut alors un partenariat public-privé solide sur une durée de 25 ans englobant l’État du Togo et des acteurs internationaux. Le pays lance alors un appel d’offre au profit de toute entreprise qui se sent compétente. L’Allemand Siemens, Eranove, le Turc Aksa, l’Italien Ascot, et le scandaleux Américain Contour Global ne se sont pas fait priés. Cet Américain ayant déjà fait une scabreuse expérience avec une centrale mort-née sur laquelle nous avions abondé, il ne tiendra donc pas la route. Le Groupe Eranove se fait alors désirer et remporte le marché. Marc Albérola en est le Directeur Général. Il lui revient la conception, le financement, la construction, la mise en œuvre, l’exploitation et la maintenance d’une unité de production d’énergie qui veut compter avec du Gaz naturel liquéfié de la Guinée équatoriale. Il vous souvient les voyages de certaines autorités togolaises en Guinée dans la veine de ce projet. Le groupe allemand Siemens est fournisseur de turbines pendant que l’Espagnol TSK va construire la centrale.
Le 23 octobre de la même année, l’Etat Togolais et Eranove convolent en convention de concession pour la centrale électrique tant désirée: l’unité de production devrait accoucher de 65,5 MW. En 2019, le Groupe industriel Eranove a signé les accords de financement nécessaires. A l’entame, l’ardoise attendue est de 65,4 milliards de francs CFA. Beaucoup de mécanismes financiers s’intéressent à l’offre. En Juin 2019, commencent les travaux. Des partenaires financiers sont mis à contribution dont Oragroup, la Banque ouest africaine de développement (BOAD). Ceux-ci entrainent avec eux établissements bancaires et financiers. On peut citer Africa Finance Corporation (AFC), la Banque Atlantique Togo, la Banque Internationale pour l’Afrique au Togo (BIA Togo) et NSIA Banque Bénin. Pour un aussi ambitieux projet, personne ne veut se faire compter les dividendes. Très vite des rallonges sont trouvées et par le biais de ce qui peut ressembler aux avenants dans les BTP, le projet connait une extension financière pour passer de 65,4 milliards à 85 milliards FCFA, à 75% de dettes. A défaut d’une participation active des investissements privés quasiment inexistant, le Togo s’appuie sur des parapubliques : l’enrhumée CNSS, la sous perfusée INAM et la mouvementée Chambre du Commerce et de l’Industrie. L’Etat est coactionnaire, à travers ses paraétatiques à concurrence de 25%. Faut-il vous rappeler que pour ces genres de projets, l’Etat togolais participe au un quart?
Avril 2021, la centrale, en moins de deux ans, est sur pieds et peut désormais être mise en service pour 47 Mw, (mégawatts), heureuse nouvelle. On attendait 65,5 MW, le complément de la centrale est attendue en fin d’année par une turbine à vapeur afin d’obtenir une puissance de 65,5 mégawatts. Le mariage gaz-vapeur « permet de produire plus d’électricité sans consommation additionnelle de gaz et en limitant les rejets de CO2 dans l’atmosphère », précisait Eranove. Sur cet espoir, les concepteurs annoncent que le 26 avril 2021, le Président de la République Togolaise va procéder au l’allumage de la « première lumière» qui annonce la mise en service industrielle de la centrale électrique de Kékéli dans la zone de Lomé-Port. La Centrale Thermique Kékéli Efficient Power, est une réalité, ceci à l’issue d’une cérémonie à la hauteur de l’exploit avec la présence effective du PR. Naturellement, tout le cocktail protocolaire, le Premier Ministre Mme Victoire Tomegah Dogbé, la Ministre déléguée auprès du Président de la République chargée de l’Énergie et des Mines, Mme Mila Aziablé, tout le protocole est respecté. A plein régime, la centrale devrait croître de 50 % la capacité de production électrique du pays. Pour Mme Mawunyo Mila Aziablé, « Cette centrale constitue une belle avancée dans la transition énergétique du Togo vers un modèle plus durable mais également plus inclusif… ». On peut parler du couronnement du partenariat public-privé (PPP) privilégié par les autorités togolaises dans la réalisation des grands projets portés par le Plan National de Développement, PND. Un PND qui, souffrez qu’on le rappel, s’échelonne de 2018- 2022. On attend annuellement, une capacité pouvant alimenter plus de 250 000 foyers togolais, soit plus de 1,5 million de personnes. M. Mansour Touré-Tia est Directeur Général de Kékéli Efficient Power. On est en droit d’attendre l’amélioration de la qualité. de la fourniture de l’électricité aux industriels et aux ménages. C’est sans compter avec une flamme qui emporte le vendredi 11 juin 2021 une partie de la centrale électrique Kékéli Efficient Power inaugurée seulement en avril 2021. Une partie de l’installation est alors noyée dans les flammes dont l’origine exacte reste un mystère. Inutile d’en conjecturer sur les origines si on sait qu’au Togo les deux grands marchés de la République peuvent disparaître sous des incendies sans que personne n’ait mal au ventre.
Au Togo, un tel incendie peut être voulu afin de cacher la pacotille qui est installée à plusieurs dizaines de milliards dont une partie est forcément allée sur des comptes personnels. Demain quand ça ne tourne plus, on peut aisément imputer le tort à un méchant incendie. A quel degré la centrale kékéli a-t-elle brûlé? L’installation tourne-t-elle présentement? Quelle est la capacité de production de la partie sauvée? A quelle capacité cette installation de 85 milliards CFA, à payer par les générations à venir, tourne-t-elle actuellement si elle survit? Quelles en sont les nouvelles prévisions énergétiques?
Nous sommes en 2021, à l’heure où les délestages deviennent la mode, l’Etat porte un aussi colossal projet ambitieux qui part en flamme seulement deux mois après le lancement. Ça n’émeut personne, ni un député, ni une quelconque institution de lutte contre la corruption, cours des comptes, HAPLUCIA TOGO. Personne ne cherche à comprendre ce qui s’est passé. Qui a joué quel rôle? Qui est derrière ce pipo très tôt parti en fumée? Quelles en sont les responsabilités? De nos informations, derrière cette idée, combien mirobolante qui ne fera que feu de paille, se cache un Béninois proche de Rikya Madougou. Ils sont quatre, ces conseillers béninois à la présidence. L’un d’entre eux est Shegun Adjade Bakari. Il est de la race des expatriés, ministres conseillers de Faure Gnassingbé. Donc Conseiller à la présidence togolaise. Il a fait son temps à la présidence et dans des sociétés d’Etat comme la CEET où tout le monde court à son rythme car ses volontés étaient des ordres. Il se retrouve à Paris tout récemment, d’où il annonce sa démission des responsabilités de conseiller au Togo afin, dit-il, de mieux s’occuper de ses affaires, l’homme veut lancer un fonds d’investissement. Faure Gnassingbé et sa bande l’apprendront, non pas d’un courrier de sa part, mais d’un journal français. Voici le respect que méritent des dirigeants qui, n’ayant eux-mêmes aucune compétence face aux nombreux défis qui les talonnent, ont fini par conclure que tous leurs citoyens sont comme eux. Pour pallier à une telle lacune, ils ont fait le triste choix de petits aventuriers qui sont des ‘‘has been’’ dans leurs pays.
C’est toute une bande d’expatriés qui tient les premiers rôles dans tous les mécanismes sensibles de l’Etat togolais. On était dans un pays intelligent qu’un tel monsieur de Bakari Shugun, au moins pour la respectabilité et l’image du pays, devrait s’expliquer. Rwandais, Béninois, Ivoiriens, Français, Britanniques, toutes les Nationalités sont au menu à la présidence. Certains ont même le privilège de donner des cours de gouvernance aux membres de notre gouvernement rassemblés dans une classe avec un stylo en main et le coude sur un cahier de leçon! Des expatriés squattent les couloirs de notre présidence comme experts en tel ou tel autre domaine, peu importe si leurs noms finissent par des scandales. C’est le prix à payer quand on arrive à entamer une aventure sans savoir où on va. Faut-il parler de Roukya Madougou elle-même? Essayons. Qui de ces éléments de dame Madougou est exactement derrière Kékéli et comment le montage a-t-il été fait? Les prochaines éditions vous répondront. Quand le fils d’Eyadema a fini d’être conseillé, sans succès, par toutes les femmes de sa race au Togo, c’est à elle qu’est revenue cette noble tâche. Elle fut la grande dame conseillère de Faure. Ayant travaillé dans cet environnement où il est aussi aisé de devenir un président de la République que de ramasser les mangues dans une rivière, elle s’est dit alors pourquoi pas moi dans mon pays. Mais ses ambitions présidentielles ont vite été talonnées. Les ambitions de la dame sont actuellement noyées dans une prison au Bénin malgré son ancien patron togolais qui a fait vainement de sa libération un affront à laver. Ex-conseiller de Faure Gnassingbé, celle qui a toujours fait croire qu’elle n’était qu’en bénévolat au Togo, lime les dents contre les grilles d’une prison au Bénin. Elle, c’est l’alchimiste politique capable de puiser l’eau bénite sous les dictatures pour construire la démocratie dans un pays démocratique. N’attendez pas qu’un jour, des comptes soient demandés à Bakari. Bakari, c’est un protégé d’une dame pour laquelle ni la prison, ni les dernières images, n’ont suffi à éteindre la flamme dans les sommités au Togo. Le proche de la prisonnière personnelle de Talon a été conseiller au Togo pendant 5 ans. Ici aussi finit cette affaire dite Kékéli. Togo des méthodes de voyou, Togo de la corruption qui se nourrit de l’impunité. Un scandale cache un autre. Faure Gnassingbé est héritier d’un pays dont la politique énergétique est au point mort. »
NB: Monsieur Bakari Shugun, c’est l’actuel ministre des affaires étrangères du Bénin. L’un des bras droit de la dame détenue par Talon pour des raisons toutes fondées, fait partie des Béninois de la Présidence. Avec un indien il installe une unité de montage des engins électriques en plus de son rôle funeste dans Kékeli. Il va ensuite créer une autre structure de montage d’engins électriques avec un indien. La même structure est aussi créée à Cotonou. Et c’est lors de son discours d’inauguration de celle-ci qu’il va retenir l’attention de Talon qui en fait son ministre des affaires étrangères.
Abi-Alfa
Source: Le Rendez-Vous No.371 du 22 février 2024