La triste nouvelle du décès du commandant du 1er Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), retrouvé mort dans son bureau lundi matin 4 mai, continue de cristalliser les débats. Dans la capitale togolaise où les commentaires vont bon train, la thèse d’un assassinat crapuleux est vite avancée. Acte gratuit ou règlement de compte ? La question demeure. Toutefois, il paraît inconcevable que des tueurs puissent s’introduire dans un bureau d’un haut gradé de l’Armée togolaise, commettre un tel forfait et disparaître dans la nature sans laisser de trace. Plus que jamais, une enquête rondement menée s’impose en vue de situer l’opinion sur les tenants et les aboutissants de cet épineux dossier qui s’ouvre juste au lendemain de l’investiture de Faure Gnassingbé pour un nouveau mandat de cinq ans.
De sources dignes de foi, l’officier supérieur qui commandait le 1er Bataillon d’Intervention Rapide de la première région militaire depuis la refondation de l’armée en 2014, a été retrouvé mort dans une mare de sang dans son bureau lundi matin. Une balle aurait été extraite de son corps. Sa dernière apparition publique, remonte au dimanche 3 mai lors de la cérémonie d’allégeance des Forces Armées Togolaises au Chef de l’Etat au palais de la Présidence qui a suivi la prestation de serment de ce dernier au même lieu.
Pour de nombreux observateurs, cette situation qui pose dans toutes ses dimensions la problématique de l’insécurité au Togo, est terriblement grave. En effet si un officier supérieur peut se faire si facilement assassiner sur ses propres installations et dans ses compétences par des individus qui tout tranquillement disparaissent du lieu du crime, alors il y a lieu de s’inquiéter. Nous ne le souhaitons pas mais demain, cela peut arriver au Chef de l’Etat, au Premier ministre, voire un autre membre du gouvernement. Et qu’en sera -t-il des simples citoyens comme nous ?
Vivement que toute la lumière soit faite sur ce dossier pour éviter un précédent dangereux. Sur ce point justement, la question se pose de savoir, comment peut-on y parvenir quand on sait qu’avant même d’alerter, le procureur de la République, la scène du crime a été violée selon des indiscrétions. Les agents de la direction centrale de la police judiciaire qui avaient été dépêchés sur les lieux, n’auraient eu droit qu’à une reconstitution des faits. Le corps de l’officier supérieur étant depuis évacué à la morgue.
Au Togo, les crimes se suivent mais ne se ressemblent guère. Cependant, ils ont ceci de commun que les enquêtes ouvertes en vue de remonter aux auteurs et aux commanditaires, peinent toujours à aboutir. Le phénomène est si récurrent qu’il est en passe d’être banalisé. Ce qui fait dire au citoyen lambda que la meilleure manière pour nos autorités de classer un dossier sensible, est d’annoncer l’ouverture d’une enquête autour. Plus d’une fois dans ce pays, des commerçantes et commerçants ont été victimes de braquage à l’aéroport international de Lomé Tokoin. Au cours de l’opération, les braqueurs ont tué au moins deux personnes et emporté plus de 2 milliards de francs CFA. On ne connaît pas jusqu’alors les suites des enquêtes qui ont été ouvertes. Ce qui amène les populations à se sentir à la merci des hors-la-loi, qui courent dans la nature, prêts à frapper de nouveau, en toute impunité. Mais ce qui s’est passé lundi dernier est tout autre. L’acte criminel a été, pour la première fois, commis en plein cœur de la Grande Muette. Le colonel Bitala Madjoulba, selon un de ses proches, ne présentait aucun signe de stress ni d’inquiétude la veille de son décès où il a même fait le tour de toutes ses unités positionnées autour de la ville de Lomé. Il est un ancien enfant de troupes, formé à l’école des officiers d’active du Sénégal et de l’école de guerre du Cameroun.
Loiclas / Flambeau des démocrates