Congo : course au détournement du clan Nguesso

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« Face aux délits économiques, quels qu’ils soient, il n’y aura ni menu fretin ni gros poissons ; tout passera dans la nasse du droit et de la justice» (Denis Sassou Nguesso)

L’Afrique est véritablement malade de ses dirigeants. Au Congo Brazzaville du dictateur impénitent Dénis Sassou Nguesso, troisième plus gros producteur du pétrole en Afrique subsaharienne, les crimes économiques, les détournements et les malversations financières sont la règle et la bonne gouvernance, l’exception. La course au trésor et au détournement est la chose la mieux partagée dans ce pays de l’Afrique centrale. Le clan au pouvoir depuis 36 ans est si obsédé par le goût du lucre que les détournements ont pris des ampleurs inédites. Le site mondafrique.com qui cite un rapport de l’organisation non gouvernemental britannique Global Witness, parle des « flux financiers et pétroliers dans l’une des kleptocraties les plus durables du monde. »

Le Congo est un pays riche en pétrole, mais 70% de la population vivent sous le seuil de pauvreté. Seule l’élite au pouvoir s’enrichit ostensiblement. Le pays reste englué dans la pauvreté. Il vit un drame national. L’économie est sinistrée et a besoin d’une thérapie de choc. Global Witness rappelle qu’en juillet 2019, le pays a reçu plusieurs millions de dollars du FMI dans le cadre de son quatrième plan de sauvetage dans des conditions troubles.

Au cœur de cette faillite, la société pétrolière nationale (SNPC), « véritable boîte noire en proie à des scandales de corruption depuis sa constitution en 1998 ». Le rapport révèle que sous la pression du FMI, certains comptes et contrats pétroliers jusque-là dissimulés ont enfin été dévoilés au grand jour.

On apprend par exemple que la SNPC supporte un passif s’élevant à 3,3 milliards de dollars adossé au pétrole, jusque-là dissimulé et qui pourrait élever le total de la dette publique du Congo à près de 13 milliards de dollars.  Sur cette somme, la société étatique devait, fin 2018,2,7 milliards de dollars, l’équivalent de 24 % du PIB congolais à des géants pétroliers, dont Total, Chevron et Eni.

Le rapport révèle également que fin 2018, des entités principalement non-identifiées devaient 1,18 milliard de dollars à la SNPC, soit davantage que son chiffre d’affaires annuel, sans savoir à qui et pour quelle raison l’argent a été prêté. De plus, entre 2016 et 2018, 156 millions de dollars de dividendes destinés à l’Etat congolais -l’unique actionnaire de la SNPC- semblent avoir disparu. Où est passé cet argent ? Mystère.

Voilà comment en Afrique, les sociétés d’Etat sont gérées. On a des exemples palpables dans notre pays où les ressources des sociétés sont siphonnées, ponctionnées en toute impunité par ceux qui en ont la gestion. Le Congo et le Togo se ressemblent fort bien et dans bien de domaines.

L’année dernière, Global Witness révélait dans un rapport que Denis Christel, fils du président, surnommé « Kiki le pétrolier », administrateur général de l’unique raffinerie du pays, la Coraf, se serait ainsi approprié près de 50 millions de dollars. Les fonds détournés auraient servi à mettre en place une structure d’entreprise complexe et opaque dans plusieurs pays.

Dans une autre enquête, l’ONG accusait aussi la fille du dictateur, Claudia Sassou Nguesso, directrice de communication de la présidence et conseillère spéciale de son père,d’avoir mis la main sur près de 20 millions de dollars de fonds publics et en aurait utilisé une partie pour acheter un appartement de luxe dans le Trump International Hotel and Tower à New York…

Médard AMETEPE

source : Liberté

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