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A qui profite la contrebande de l’or togolais?

A qui profite la contrebande de l’or togolais?

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En 2016, Banque mondiale a financé à hauteur de 10 Milliards de Fcfa un projet de développement et de gouvernance minière (PDGM). Ce projet a permis à la Direction générale des mines et de la géologie (DGMG) de mettre en place un cadastre minier du territoire togolais consultable en ligne sur le site internet www.sigm.tg . Ce site gouvernemental nous apprend que l’or est extrait dans de nombreuses préfectures du pays à savoir : Tone, Cinkassé, Assoli, Bassar, Tchaoudjo, Doufelgou, Blitta, Est-Mono, Anié, Akebou, Wawa, Amou, Kozah.

La carte nous montre que les gisements existent et qu’ils sont pour la plupart exploités.

En 2018, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) a révélé dans un rapport que le Togo est devenu une plaque tournante de l’or de contrebande venu du Burkina Faso et du Ghana en raison des faibles taxes togolaises sur les pierres précieuses au Togo (4,5 % de taxe de sortie). Ainsi, l’or qui part du Togo n’est pas seulement togolais mais provient aussi de l’étranger et profite exclusivement à des réseaux privés. Malheureusement, ce trafic échappe aux caisses publiques du Togo mais également des pays de provenance comme le Ghana et le Burkina Faso.

Selon les données internationales, entre 2005 et 2023, le Togo a exporté au total 151 tonnes d’or, pour un montant total de 7,4 milliards USD, soit 4 185 milliards de FCFA.
C’est l’équivalent de 2 ans de budget de l’Etat togolais sans recours aux emprunts ni aux dons. Cependant, on ne trouve aucune trace de recettes proportionnelles à ces montants.

C’est précisément ce que le rapport 2022 de l’ITIE nous dévoile : pour la seule année 2022, le Togo a vendu 20,6 tonnes d’or aux Emirats Arabes Unis pour 1,2 milliard de dollars soit environ 720 milliards de FCFA (au cours du dollar de 2022). L’ITIE estime que si ce montant avait été taxé à 4,5 % (taxe de sortie sur les métaux précieux), il aurait rapporté à l’Etat 54 millions de dollars soit 33 milliards de FCFA. Ce montant peut couvrir 11 fois le budget du ministère de la culture et du tourisme et tout le budget 2022 du Ministère de l’enseignement supérieur.

Cependant, quand le Commissariat des douanes et des impôts indirects (CDDI) et la Direction Générale des mines (DGMG) ont été interrogés à ce propos, ils ont tout simplement nié
l’existence des exportations d’or.

La DGMG ne savait même pas que la taxe de 4,5 % adoptée par Décret présidentiel en

2009, existe au Togo.

Et pourtant, les E.A.U. enregistrent 20,6 tonnes provenant du Togo.

Quand on remonte dans le temps, entre 2006 et 2023, ce sont 112 tonnes d’or qui ont été exportées vers Dubaï, pour un montant de 5,8 Milliards de dollars soit 3266 Milliards de Fcfa.
En somme, au Togo, nous avons un système de contrôle défaillant ou alors complice. Toujours est-il que les administrations clés — Douanes, Mines, Impôts — déclarent zéro exportation, alors que les partenaires internationaux déclarent plusieurs milliards de dollars importés du Togo sur plusieurs années.

Il faut savoir que les Émirats arabes unis sont l’une des plus grandes destinations au monde de l’or de contrebande. Un rapport de l’ONG Swissaid pointe Dubaï comme “la principale plaque tournante de cet or sale”.

L’ONG nous apprend également que l’or arrive par voie terrestre, est consolidé au Togo, puis expédié par avion vers Dubaï, où il entre dans les circuits officiels.
C’est un schéma classique de blanchiment international.

Le rapport ITIE révèle également une situation troublante en lien avec la société minière JUN HAO MINING qui possède un permis valide d’exploitation d’or depuis 2018 jusqu’en 2022.
Mais cette société n’apparaît pas dans la liste officielle des sociétés dans lesquelles l’État détient une participation (10%) et la DGMG n’a pas pu confirmer les participations dans plusieurs autres sociétés minières. Cela signifie que les 10 % de bénéfice que cette société doit reverser à l’État ne sont pas comptabilisés, ni suivis.

Ces dividendes obligatoires prennent donc un autre chemin que celui du Trésor public.

Comment un pays peut-il laisser filer son or à ce point, sans explication, sans contrôle, sans réaction ?

À qui profite réellement l’or togolais ?

Au Togo, l’or brille mais jamais pour le Trésor : des milliards de dollars exportés en douce, zéro franc pour le peuple. Le rapport ITIE 2022 n’a pas révélé seulement une fuite : il a dévoilé un gouffre fiscal où disparaît l’or togolais depuis des années.

Pendant que l’or s’envole clandestinement vers les paradis fiscaux, les Togolais s’enfoncent dans la pauvreté organisée, avec la complicité silencieuse de ceux censés protéger l’intérêt national.

Les ressources minières togolaises ne sont pas mal gérées : elles sont accaparées. La différence, c’est plusieurs milliards qui échappent au développement.
Quand l’or part sans déclaration et que le phosphate ne rapporte rien à l’État, ce n’est plus de la gestion : c’est un détournement institutionnalisé. Il est temps que ça cesse. Assez!

Source: Analyse citoyenne de la gestion des finances publiques du Togo / ACGFiP