Vote de la diaspora : Les Togolais des USA ressentent « tristesse, amertume, frustration (…) »

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Timothée Doe
Timothée Doe

La diaspora togolaise en est presque écartée. Mais l’élection présidentielle ne la laisse pas pour autant indifférente. Unicité Diaspora Togolaise USA, un regroupement d’une dizaine d’organisations de compatriotes vivant aux États-Unis d’Amérique, se prononce, par la voix de son Coordinateur Général, Timothée Doe, dans un entretien accordé au site letabloid.com. « Nous sommes très frustrés par rapport à ce comportement du gouvernement », déclare Timothée Doe. Les compatriotes des Etats-Unis d’Amérique ne croient pas à l’alternance avec l’élection du 22 février.

Letabloid.com: De loin, vous suivez l’actualité politique au Togo monopolisée par le processus électoral. Quelle appréciation faites-vous de son organisation ?

Timothée Doe: Nous avions déjà souligné la mauvaise organisation de cette élection et nous appelons plutôt l’opposition à se réunir pour conduire une plateforme de revendication et cette plateforme devra comporter la révision de la liste électorale, la recomposition de la CENI, de la Cour constitutionnelle, de la HAAC et aboutir à une transition avant de parler d’une élection. Donc notre position est claire, nous ne sommes pas dans la dynamique des élections au Togo dans ces conditions synonymes d’accompagnement du régime. Voilà la position de l’Unicité, et nous l’avions souligné plusieurs fois dans nos déclarations que nous ne soutenons aucune élection dans les conditions actuelles.

La classe politique de l’opposition est divisée. Certains pensent qu’il ne faut pas participer au scrutin, d’autres militent pour le contraire. Quelle est la position de l’Unicité Diaspora Togolaise USA ?

Depuis la conférence nationale souveraine, l’opposition a toujours été divisée à la veille de chaque élection présidentielle ; ce qui n’est pas normal. Mais la division est plus visible par rapport à cette élection et nous, nous disons, comme nous l’avons toujours dit d’ailleurs, que l’opposition ne devrait pas en principe être divisée par rapport aux élections, sachant très bien que les conditions dans lesquelles elle va à ces élections ne sont les celles d’organisation d’une élection crédible. Elle devrait en principe se réunir pour parler d’une seule voie et réclamer les réformes, pas celles que le RPT/UNIR a faites, mais les vraies réformes constitutionnelles et institutionnelles pour une élection crédible. En principe cette opposition devrait être unie pour réclamer les vraies conditions d’une bonne élection au Togo. C’est dommage que l’opposition aille en rang dispersé à cette élection. De toutes les façons, nous au niveau de l’Unicité, nous ne sommes pas dans cette dynamique des élections. Mais nous sommes dans la dynamique d’une plateforme de revendication pour mieux préparer les élections. Il faudrait nécessairement que la classe politique se retrouve autour de cette plateforme.

Candidatures multiples ou candidature unique, avez-vous un choix ?

Nous n’avons pas de choix. Nous l’avons dit au départ que nous ne sommes pas dans cette dynamique des élections. Donc on n’a pas de choix. Nous disons que les conditions ne sont pas remplies. Si elles étaient bien réunies pour une élection crédible, nous serions capables de faire notre choix.

Le droit de vote lui est accordé enfin, mais la diaspora est presque écartée du scrutin. A peine 348 compatriotes de l’extérieur pourront voter sur environ 2 millions que vous êtes. Comment ressentez-vous cela ?

Franchement parlant, nous ressentons de la tristesse, de l’amertume, de la frustration, de la désolation. Parce que vous savez, le vote de la diaspora a été réclamé depuis longtemps et le gouvernement n’a pas la volonté de la satisfaire. Il voulait seulement séduire la communauté internationale, par rapport aux engagements de la feuille de route (de la CEDEAO, Ndlr). Comment est-ce que la diaspora qui compte au moins deux millions de Togolais, on puisse avoir seulement trois cents et quelques votants ? Ce n’est pas normal ! D’ailleurs, nous avions demandé à ce que le gouvernement ait le courage d’organiser le recensement au niveau de la diaspora, avec la diaspora. Cela n’a jamais été fait. Ce qui fait qu’on ne connaît pas le chiffre exact des Togolais de la diaspora. On devrait d’abord commencer par le recensement, et après on verra la classe d’âge qui est qualifiée à être inscrite sur la liste électorale, donc à voter. C’est en ce moment-là qu’on va faire le recensement électoral. Donc tout a été bâclé. Ils voulaient seulement satisfaire la communauté internationale (…) Nous sommes très frustrés par rapport à ce comportement du gouvernement.

C’est de l’exclusion manifeste. Et pourtant votre contribution à l’économie du Togo est non négligeable et le pouvoir ne cesse de vous draguer. Vous sentez-vous couillonnés?

Tel que le gouvernement a organisé le recensement au niveau de la diaspora, c’est une exclusion totale. C’est plutôt une action purement politique qu’il a posée, ce n’est pas une action patriotique pour nous donner le droit de vote (…) En plus, il sait que la diaspora ne lui est pas acquise, d’où cette action pour pouvoir l’écarter du vote.

Qu’à cela ne tienne, la diaspora a-t-elle un candidat en lice parmi les sept (07) ? Quelle est sa consigne de vote ?

Nous n’avons pas de candidat du moment où les élections sont organisées dans des conditions aussi déplorables, pires que les élections passées (…) Nous l’avons dit très tôt, il faudra aller à une transition pour pouvoir organiser des élections propres. Eh donc, nous n’avons pas de consigne de vote à donner.

Croyez-vous à l’alternance au soir de cette élection malgré tout ?

Non ! Au vu des conditions dans lesquelles le régime est en train de préparer les élections (…), nous ne croyons pas à un miracle au soir du 22 février. La CENI qui est à 95 % à la solde du régime peut-elle proclamer un autre candidat ? (…) Nous ne croyons pas à une alternance dans les conditions actuelles. Mais toutefois, on ne sait jamais, tout est possible.

Un message à l’endroit des gouvernants, de la classe politique et du peuple togolais?

Au gouvernement, nous demandons de voir la souffrance du peuple togolais, d’arrêter ces élections là et d’appeler l’opposition à une table de discussions qui va déboucher sur une transition pour organiser les élections dans des conditions les plus décentes pour une alternance si possible.

A l’opposition et à la classe politique en général, nous demandons de se ressaisir et voir la réalité en face, que les conditions dans lesquelles les élections se passent ne vont pas aboutir à un quelconque résultat qui sera satisfaisant. Donc nous leur demandons de se concerter rapidement pour pouvoir porter la plateforme de revendication du peuple qui est la révision de la liste électorale, la recomposition de la CENI, de la Cour constitutionnelle, aller à une transition pour pouvoir organiser une élection transparente.

Au peuple togolais, nous demandons de rester mobilisé pour défendre sa cause car c’est nous-mêmes qui allons construire notre Togo. Le peuple doit rester mobilisé. Comme l’a dit Thomas Sankara, « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave sera seul responsable de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance de son maitre qui prétend l’affranchir ». Seule la lutte libère.

Source : Letabloid.com

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