UE/Passage de Cristina Barreira Martins au Togo : Trois ans d’une diplomatie sans apport à la démocratie

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Cristina Barreira Martins
Cristina Barreira Martins

Septembre 2017-août 2020. La cheffe de la Délégation de l’Union européenne au Togo, Cristina Barreira Martins boucle ses trois années de mission au Togo. Si les liens de la coopération sont maintenues, on retient que l’UE n’a pu impacter positivement la lutte populaire pour l’avènement de la démocratie.

Le 19 septembre 2017, la cheffe de la Délégation de l’Union européenne au Togo, l’ambassadeur Cristina Barreira Martins a présenté ses lettres de créance au chef de l’Etat. Trois ans après son arrivée au Togo, la diplomate est en fin de mission. Ce vendredi 21 août 2020, elle a été reçue par le chef du gouvernement, Komi Sélom Klassou. Les discussions auraient porté sur les relations entre le Togo et l’UE. « Nos relations sont excellentes. On a constaté, ensemble, la grande qualité de la coopération entre l’UE et le Togo pendant ces trois ans… Du Togo, je retiens l’accueil du peuple togolais, les bonnes relations avec toutes les autorités du pays. Je me suis toujours sentie comme chez moi et je pars avec un peu de regret », a-t-elle déclaré à la fin de l’audience.  

Trois années au Togo dans la chaleur hospitalière d’un peuple accueillant, l’ambassadeur ne pouvait que se sentir à l’aise. Mais dans le sens inverse, que retient le peuple togolais de son passage dans ce pays longiligne tenu de mains de fer par la famille Gnassingbé ? S’associe-t-il au regret de la diplomate ? Sans doute, oui !

En effet, Mme Cristina Barreira Martins fait partie des ambassadeurs européens qui ont vécu les pans les plus horribles de l’histoire du peuple togolais. A son arrivée en septembre 2017, la rue était debout comme un seul homme pour exiger la fin de la dictature des Gnassingbé. Plusieurs fois par semaine et durant des mois, les Togolais descendaient dans les rues malgré la répression sanglante organisée par le régime en place. Les violences inouïes sur les civils à mains nues n’empêchaient pas les populations de répondre à l’appel de la Coalition C14. La suite, on le sait.

Si la diplomate doit avoir un regret, ce doit être relativement à son inaction ou celle de l’institution qu’elle a représentée au Togo. Durant 3 ans, les Togolais n’ont pas senti la cheffe de la délégation de l’UE sur le dossier politique alors qu’elle avait l’obligation du moins morale de ne pas rester muette face aux nombreux dérapages des autorités togolaises. Dans la répression des manifestations et les arrestations politiques, la représentation de l’UE au Togo est restée silencieuse alors que les Etats-Unis avaient réagi en dénonçant l’utilisation des milices par le gouvernement.

Cette inaction était aussi manifeste dans les processus électoraux conduits unilatéralement par le parti au pouvoir. Du passage en force aux élections législatives à la présidentielle du 22 février 2020 en passant par les municipales, l’UE a joué au spectateur en se cachant derrière la CEDEAO. A aucun moment, ni seule ni en compagnie de ses collègues du Groupe des 5 diplomaties occidentales, l’UE n’a tapé du poing sur la table comme elle a l’habitude de le faire dans d’autres pays où la violation des droits de l’homme s’installe en norme. Au contraire, dans le cadre de la présidentielle de février 2020, le G5 dont fait partie l’UE s’apprêtait à accorder son soutien à Faure Gnassingbé quand les Etats-Unis ont pris fait et cause pour la vérité des urnes en demandant le recomptage des voix.

Le 09 mai 2018, lors de la célébration de la «Journée de l’Europe », Mme Cristina Barreira Martins a fait un discours appelant les acteurs politiques à « poursuivre dans la voie d’un dialogue sincère, constructif et qui privilégie l’intérêt du pays, afin de parvenir à une solution durable ». La diplomate a également déclaré que « les amis du Togo ne veulent pas le voir sombrer dans la spirale de l’incertitude ». De belles déclarations qui n’ont pas été suivies d’actes. Depuis ce discours, non seulement le Togo n’est pas parvenu à une solution durable, mais aussi le pays s’est retrouvé dans la spirale de l’incertitude. Six mois après l’élection présidentielle qui a vu confisquer la victoire du peuple, l’horizon est plus que sombre.

source : G.A. / Liberté Togo

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