Le secteur des microfinances se révèle aujourd’hui un abri pour certains individus qui, bien que n’ayant pas des compétences requises, s’y refugient et font n’importe quoi avec l’argent des pauvres femmes du marché. Et comme le Togo est un pays instable politiquement et économiquement, on semble assister à un laissé-aller qui ternit l’image de ces institutions financières dont certaines font leur preuve. Coopec Solidarité, l’une des coopératives membres du réseau Fucec-Togo, traverse une zone de turbulence créée depuis quelques années par des individus préoccupés plus par leur enrichissement que par le bien-être des membres de cette coopérative.
Il faut souligner d’emblée que la Fucec-Togo n’a aucun problème aujourd’hui. Mais c’est l’un de ses membres, la Coopec Solidarité qui fait parler d’elle depuis un moment. Certes, Coopec Solidarité se révèle aujourd’hui la plus grande coopérative parmi celles qui constituent le réseau Fucec-Togo. C’est elle qui fait le plus d’argent. Cependant, sa gestion se trouve confrontée à de sérieux problèmes. Salaires faramineux aux dirigeants, avantages à couper le souffle, décisions unilatérales de la direction générale qui outrepasse le Conseil d’administration, etc. tous les ingrédients sont réunis pour parler d’une boîte pourrie.
Aujourd’hui, le Directeur général de la Coopec Solidarité perçoit un salaire qui dépasse celui du Directeur général de la Fucec-Togo. La faîtière, ayant constaté les anomalies que présente son membre (Coopec Solidarité), a décidé de la centralisation des ressources de toutes les coopératives (une fusion en fait), afin d’arrêter l’hémorragie. Toutes les autres coopératives ont accepté la proposition, sauf la Coopec Solidarité qui estime que son chiffre d’affaires est nettement colossal que celui des autres coopératives. Dans la foulée, la Commission bancaire de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) a commandité un audit sur la gestion de cette coopec. 86 recommandations ont été formulées par la Commission bancaire de l’UEMOA à la coopec qui doit les suivre pour remettre au grand jour une gestion efficiente. De ces recommandations également, il ressort que l’ancien Président du Conseil d’administration, Apoudjak Wahab doit environ 23 millions de FCFA à la Coopec Solidarité. Il est reproché à ce dernier de s’octroyer des avantages indus. Il a pour complice le Directeur général de la Coopec Solidarité, Godomé Dewouna, avec qui il fait feu de tout bois pour empêcher la mise en œuvre des recommandations de la Commission bancaire de l’UEMOA.
Le 1er juin 2019, s’est déroulée l’élection au Conseil d’administration de cette coopec. Apoudjak Wahab a perdu au profit de Gabriel Koffi Legba Mony. Avant cette élection, l’ancien PCA et le Directeur général ont mobilisé le personnel pour faire campagne en faveur d’Apoudjak Wahab, avec promesse de promotion et d’augmentation de salaire (on comprend aujourd’hui pourquoi ce personnel lance une grève).
Selon les informations, Apoudjak Wahab n’a donc pas digéré sa défaite. Il a saisi le Tribunal de Première Instance de Lomé pour faire annuler l’élection. Il est soutenu par le Directeur général, puisque le nouveau PCA ne veut pas être de mèche avec lui. Mais le Tribunal, après vérification des pièces et ayant constaté la régularité de l’élection du nouveau Président du Conseil d’administration, a débouté la bande à Apoudjak Wahab. Entre-temps, la Coopec Solidarité a été mise sous gestion rapprochée de la Commission bancaire de l’UEMOA.
Autre chose, les dossiers justifiant les 5 milliards qui ont servi à construire le siège de la Coopec Solidarité, ont été perdus. Le Directeur général n’a pu être en mesure de justifier cette somme. L’expert commis par le tribunal pour suivre les travaux a été renvoyé par Godomé Dewouna. Pendant ce temps, dans la boîte, les promotions ont continué. Il fallait, à en croire les sources proches du Conseil d’administration, remercier ceux que le DG veut avoir à ses côtés. Mais le nouveau PCA, Gabriel Koffi Legba Mony a, par note, ordonné la suspension provisoire des promotions. Mais le Directeur général Godomé Dewouna fait fi de cette suspension et continue les recrutements, selon les informations.
Par exemple, à en croire les sources proches du Conseil d’administration, pour mettre le président de la Cour suprême de leur côté et avoir une ordonnance qui lui permettra d’avoir les mains libres, il a recruté un certain Périn Gamatho, fils du président de la Cour suprême à qui il paie une somme faramineuse, sans aviser le Conseil d’administration. Dans la foulée, le Directeur général a fait prendre par la Cour suprême une ordonnance interdisant l’exécution des recommandations de la Commission bancaire de l’UEMOA et la suspension d’un certain Anlaga qui est un soutien du DG. Les membres du Conseil d’administration ont alors fustigé cette décision de la Cour suprême qui n’a pas dit le droit. Ils ne comprennent pas comment des gens (l’ancien PCA, Apoudjak Wahab, le DG Godome Dewouna et bien d’autres) qui ont été blâmés par le CBU puissent introduire une requête auprès de cette cour et obtenir cette ordonnance.
Le Directeur général est devenu le tout-puissant de la boîte, au détriment du Conseil d’administration. Il nomme les chefs caisse centraux sans consulter le CA à qui il envoie une note après, dépouille le conseil de ses attributions et nomme les délégués du personnel. Finalement, le Conseil d’administration a constaté que le Directeur général verse dans l’insubordination (puisqu’il est l’employé du CA). Il a décidé de licencier le DG. Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas le PCA seul qui a décidé de son licenciement, mais tout le CA. Sur les 7 personnes composant le conseil, 4 ont voté pour son licenciement, 2 contre et 1 abstention. Le licenciement a été fait selon l’acte uniforme de l’OHADA. Mais le DG, avec son soutien Apoudjak Wahab et autres, n’a pas voulu respecter cette décision. Ils sont soutenus par l’avocat de la Coopec Solidarité, Me Yaovi Degli qui s’est retourné contre la coopérative. L’huissier qui devrait signifier la décision du licenciement au DG, a été séquestré dans le bureau de ce dernier par des délégués qui l’ont molesté. La clique a réussi également à faire annuler la décision de renvoi du DG par le Tribunal du travail.
La bande au DG a manipulé le personnel qui, aujourd’hui, entre en grève avec des revendications dont le renvoi du PCA. Selon les délégués du personnel, qui soutient le DG de Coopec Solidarité et demande le départ du PCA Legba Mony, le coup est monté contre eux depuis la Fucec-Togo. Ils disent ne pas être d’accord avec la centralisation des ressources , étant donné que la Coopec Solidarité fait plus de chiffres d’affaires que les autres coopératives.
Actuellement, le personnel est en grève. Pour lui, c’est le président du Conseil d’administration qui bloque les choses. « C’est un seul monsieur, client qu’on a nommé comme président du Conseil d’administration qui est venu avec des gens de Fucec-Togo pour détruire la coopec qui est la meilleure coopec du réseau Fucec-Togo », a indiqué Yaovi Anlaga, délégué du personnel. « Nous, nous sommes dans les démarches légalistes. Nous faisons une démarche syndicale. C’est pourquoi nous avons réuni la base pour l’informer.
Tous les employés disent qu’il faut poursuivre la grève de 72 heures. Même le SYNBANK va bientôt rentrer dans la danse et suivre le mouvement. Nous allons faire pression sur les autorités pour faire partir M. Legba Mony, réinstaller le Directeur Godome afin que nous puissions travailler dans la tranquillité », a-t-il ajouté. Pour lui, il faut faire partir le nouveau PCA et réinstaller le DG Godome Dewouna, accusé d’insubordination.
24 heures avant cette grève, la Fucec-Togo a fait sortir une note pour rassurer ses membres que les guichets de la Coopec Solidarité seront ouverts le moment de la grève. Effectivement, il y a des gens qui travaillent depuis hier lundi à la Coopec Solidarité pour servir les membres.
La situation est en train de pourrir. Il faut que les autorités interviennent dans cette affaire. Puisque des individus se permettent de remettre en cause la décision de la Commission bancaire de l’UEMOA, cette même institution qui a sanctionné des responsables d’institutions financières au Togo, à l’instar de Wages et autres.
Source : L’Alternative