Togo, Premières conséquences de la privatisation de Togocom : Un plan social inique dans un mandat social

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De véreux syndicalistes du SAT et de SYNTEL-Togo complices

Le 5 novembre dernier, TOGOCOM a été privatisé avec une cession de 51% des parts au Groupe Agou Holding et depuis le 18 novembre 2019, Affoh ATCHA-DEDJI, ex-Directeur Général de TOGOCOM, a passé les services à Paulin ALAZARD.

Il est à noter que le processus de restructuration du groupe TOGO TELECOM devenu groupe TOGOCOM a commencé au mois de mars 2016. D’abord le 13 juillet 2017, la restructuration a produit une holding TOGOCOM et trois filiales. Le 3 octobre 2018, l’Etat, seul actionnaire, dissout les trois filiales, laissant TOGOCOM seul avec TOGO TELECOM et TOGO CELLULAIRE comme filiales et annonce l’ouverture du capital à hauteur de 35%.

Le 10 octobre 2018, le Directeur Général d’alors informe les travailleurs d’un plan social au sein du Groupe TOGOCOM avant la venue des nouveaux actionnaires. En ce moment, TOGO TELECOM comptait environ 745 salariés et TOGO CELLULAIRE, 410.

Les raisons du dégraissage de personnel

TOGO TELECOM est devenu depuis 1998 une entreprise où, après des élections, on déversait les militants et activistes du parti au pouvoir pour les récompenser de leur participation à la campagne électorale. C’est ainsi que la société s’est engorgée de travailleurs d’une incompétence avérée. On retrouvera des diplômés du Bac A4, des sociologues qui sont des techniciens de maintenance de lignes, des géographes (licence ou maitrise en géographie) qui sont responsables de la statistique ou de projets de réseaux télécoms. Les faux diplômes abondaient et étaient même encouragés. Au nom du népotisme et du clientélisme.

Les télécommunications qui sont un métier d’excellence ont été négligées par les Directeurs généraux qui se sont succédé à la tête des entreprises (Togocellulaire et Togo Telecom) jusqu’à ce jour, certains par militantisme, d’autres par incompétence. On a vu comment par exemple un directeur qui avait comme diplômes une licence en mathématiques et un diplôme universitaire (D.U) en statistiques se faisait passer pour un ingénieur des télécommunications. Un autre qui a fait l’ancienne URSS et n’avait même pas pu obtenir son diplôme d’ingénieur, donc ne disposant que d’une attestation prouvant qu’il a suivi des cours de télécommunications, se faisait passer également pour un ingénieur télécoms. Il est maintenant facile de comprendre que lorsque la tête est pourrie, on ne peut rien tirer du corps. Et cette situation a miné le développement de TOGO TELECOM qui est devenu insolvable auprès des banques de la place. Les chiffres d’audits sont là.

Les exemples font hérisser les cheveux. Ainsi, le plan social à TOGOCOM aura emporté à TOGO TELECOM 297 salariés sur 745, soit environ 40% de l’effectif ; et à TOGO CELLULAIRE, 30, soit environ 7% de l’effectif.

Le plan social à TOGOCOM à l’heure du mandat social : du pipo

Au lancement du fameux plan social le 3 décembre 2018, la Direction générale de TOGOCOM a usé de harcèlement sur le personnel afin de l’obliger à souscrire audit plan. Pour ce faire, une offre avait été faite. Elle précisait les indemnités de licenciement ainsi que les bonus auxquels les adhérents peuvent prétendre.

TOGOCOM a promis reverser aux travailleurs les arriérés de salaire et primes, les fonds (épargne et retraite complémentaire) des travailleurs qui ont précédemment été détournés. Les cotisations sociales aussi seront prises en charge par l’employeur.

Sur cette proposition, 297 salariés de TOGO TELECOM s’engagèrent à partir. On notera que les premiers responsables de la comptabilité ont tous adhéré à ce plan, car connaissant la santé financière de la société, ceux-ci redoutaient une liquidation qui hypothéquerait leurs droits et acquis.

Après que les travailleurs ont accepté la proposition de l’employeur, il est ressorti que derrière la proposition, il existe un dol, un vice caché que la plupart des employés ne pouvaient pas détecter. Explications.

Au mois de mars 2019, ATCHA-DEDJI Affoh convoque les responsables syndicaux et leur demande la méthode à adopter pour réduire les montants qu’il a initialement proposés aux travailleurs de TOGO TELECOM d’une part, et ensuite relever ceux des agents de TOGO CELLULAIRE d’autre part. Les syndicalistes avaient pris soin de demander à contrôler les calculs des montants pour ensuite lui revenir. Mais après vérification, ceux-ci constatent que les calculs étaient erronés et que les montants proposés sont à la baisse, contrairement au principe convenu. Les syndicalistes l’avaient ensuite informé.

Mais de façon unilatérale, le désormais ex-DG ATCHA-DEDJI Affoh décide de renoncer au paiement des arriérés de salaires et primes. Premier totem que l’ex-DG venait de manger. Il était revenu sur ce qui était convenu. Par trois fois, les syndicats qui étaient dans leur rôle de défenseurs des intérêts des travailleurs, saisissent la Direction Générale du Travail pour arbitrer. Mais pour des raisons que seule le responsable pourrait expliquer, cette direction a refusé d’intervenir alors qu’elle est censée s’occuper des conflits issus des contrats de travail.

Et c’est dans ces conditions qu’ATCHA-DEDJI Affoh va demander aux travailleurs qui ont adhéré au plan, de signer le 13 mai 2019, l’accord de rupture du contrat de travail. Cet accord qui a des contours bizarroïdes et ne respecte ni le code du travail, ni la règlementation en vigueur, fixe la date de rupture du contrat au 31 mars 2019 et le paiement d’une partie de ce que l’employeur doit aux déflatés (licenciés) au 31 janvier 2020. Pour une seconde fois, l’ex-DG venait de consommer le deuxième totem, cette fois-ci avec la complicité de deux syndicalistes du SAT et du SYNTEL-TOGO de triste réputation. Le 3ème syndicat, SYLPOSTEL-PECWU se serait opposé à ce règlement, car la loi dans le code du travail demande à l’employeur de tout liquider au travailleur au moment où ce dernier quitte l’entreprise.

ATCHA-DEDJI Affoh et les syndicalistes de basse moralité

Pour quelles raisons ces syndicalistes ont-ils encouragé leurs collègues à signer un tel accord qui viole le code du travail? Quelle assurance ont-ils reçue, qu’ont-ils reçu en compensation ou que leur a-t-on promis en retour? Selon nos recoupements, une mission à la Conférence internationale du travail à Genève, tous frais payés, leur aurait été promise contre « service rendu ». Aussi nous sommes-nous intéressés à connaitre la personnalité des deux syndicalistes qui ont conduit leurs collègues sur l’échafaud. Un article leur sera consacré en temps et lieu.

Les travailleurs ayant signé l’accord, étaient alors obligés d’attendre le 31 janvier 2020 passé avant de réclamer quoique ce soit, au cas où les choses ne se passaient pas selon ce qu’ils ont signé comme accord tordu.

Mais contre toute attente et sans encore que la date du 31 janvier ne soit échue, le 18 novembre 2019, au moment où ATCHA-DEDJI Affoh, contraint, passait les charges à son successeur, celui-ci annonce qu’il autait payé tous les droits aux travailleurs déflatés (sic). Et de trois pour son totem mangé.

Vous l’auriez deviné, il y a des accords qui tuent. Au 31 janvier 2020, les travailleurs déflatés de TOGO TELECOM sont restés les mains vides et ne savent plus à quel saint se vouer. Et c’est ce moment que les deux syndicalistes de basse moralité font leur apparition pour remuer le couteau dans la plaie en narguant encore plus leurs collègues déjà désemparés.

Aux dernières nouvelles, des discussions –encore- auraient lieu entre les différents responsables, mais il reste à savoir à quelle sauce les agents déflatés seront mangés cette fois-ci.

La période de campagne autorise-t-elle tous les excès envers des citoyens qui ne demandent qu’à rentrer dans leurs droits ? Que répondra ATCHA-DEDJI Affoh pour la légèreté avec laquelle il a joué avec la vie des agents de TOGO TELECOM et le non-respect des textes en vigueur ? Comment réagissent les deux syndicalistes pour la complicité et l’abus de confiance dont ils ont fait montre, puisqu’ils se reconnaîtront dans cet article ? Les nouveaux responsables de TOGOCOM veulent-ils prospérer sur la souffrance des agents licenciés, ou vont-ils résoudre les problèmes restants selon la législation et la règlementation en vigueur dans le monde du travail au Togo ?

L’affaire TOGOCOM est loin, très loin d’avoir livré tous ses secrets et actes de bassesse pour des fins inavouées. A l’heure où l’Etat togolais a décidé de brader un patrimoine dans la plus grande opacité, il convient que les citoyens togolais sachent comment cette structure qui engrangeait des bénéfices l’a été. D’autres épisodes suivront.

Abbé Faria

Source : Liberté N°3101 du Mardi 11 Février 2020

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