Togo/Affaire Alternative : Zeus Aziadouvo envoie une lettre aux membres de la HAAC pour récuser sa signature et exprimer une opinion dissidente

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@togoactualite.com – Après la sanction de 4 mois infligée par la HACC au journal « L’Alternative de Ferdinand Ayité, Zeus Aziadouvo, membre de la HAAC dont sa signature figure sous la décision portant sanction dudit journal, a envoyé une lettre au président de l’institution de régulation des Médias pour récuser sa signature et exprimer une opinion dissidente. Dans cette lettre, M. Zeus Aziadouvo fait part de la malhonnêteté de la HAAC dans les affirmations avancées dans son communiqué pour sanctionner le journal.

Il est contre le fait que la HAAC affirme dans son communiqué que «Considérant qu’au cours de l’audition, le directeur de publication du bihebdomadaire L’Alternative n’a apporté aucune preuve pour soutenir  le bien fondé de ses allégations … » et aussi contre le fait que la HAAC dise  que «Considérant qu’en publiant cet article, dont la véracité du contenu n’est pas établic et qui comporte des affirmations gratuites, le bihebdomadaire L’Alternative n’a pas respecté les règles professionnelles  , en violation des dispositions du Code de déontologie des journalistes du Togo, du Code de la presse et de la communication et de la loi organique de la HAAC ».

Lisez plutôt…

A

Monsieur le Président de la HAAC

Lomé

Objet: Récusation de ma signature et opinion dissidente

Monsieur le Président,

Par  la présente, je tiens à vous informer que je récuse ma signature qui est mise en bas de la décision N ° 003 / HAAC / 21 / P_portant suspension du bihebdomadaire L’Alternative »du 05 février 2021 compte tenu du fait que la décision n’est pas restée fidèle au déroulé de l’audition.

En effet, Monsicur le Président, il était question, durant l’audition, d’échanges sur des supposés «manquements professionnels» relevés dans l’article intitulé: «Justice / Succession Georges Kudawoo: Me KoffìTsolenyanu, un faussaire au gouvernement» paru  dans le N ° 940 du 02 février 2021 du bihebdomadaire L’Alternative.  Et le seul élément qui était régulièrement mis en exergue, au cours de l’audition, était le titre qui serait «injurieux» à l’endroit du membre du gouvernement.  En outre, il a été reproché au journal d’avoir extrapolé dans l’article en parlant de l’UNIR qui serait un «repaire de faussaires et d’escrocs». Un intertitre que le journal a pourtant mis å la forme interrogative et nous tous, en tant que professionnels des médias, savons que le point d’interrogation permet une insinuation sans risques, une sorte de conditionnel done. 

Ce sont ces éléments que nous désignons par «divers manquements professionnels graves» et qui nous ont amené à prendre cette sanction excessive en nous nous arc-boutant sur l’épreuve 2 de l’article 65 de la loi Nº2018-029 portant modification de la loi organique N ° 2004-021 du 15 décembre 2004 relative à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. Une décision de la majorité à laquelle je suis plié parce qu’étant «défait» comme cela a été dit en plénière.  En allant à la HAAC en 2016, j’ai fait mienne cette assertion de l’écrivain français Gilbert Choulet: «La démocratie donne le droit de vote, et le droit de vote celui de subir les inégalités de la démocratie».

Monsieur le Président, en prenant cette décision, nous avons tout simplement fait la volonté de Me Koffi TSOLENYANU et son conseil qui demandaient à l’instance de régulation des médias diffusés au journal «la loi dans toute sa rigueur». De fait, nous avons agi en violation du premier article de notre loi organique qui dispose: «La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, ci-après dénommée la HAAC, est une institution indépendante vis-à-vis des autorités administratives, de tout pouvoir politique, de tout parti politique, de toute association et de tout groupe de pression ».

«Dans un développement assorti d’un début de pièces justificatives, le journal traité sans langue de bois le ministre Koffi Tsoleynanu de faussaire pour avoir, précis-t-il, établi un permis de construire au nom d’un héritier décédé depuis 1965. A, cela s’ajoutent certaines révélations qui semblent enfoncer davantage Monsieur Tsolenyanu dans le faux et usage de faux. De l’engagement d’un cabinet d’architecture pour l’élaboration d’un plan de l’immeuble à construire en passant par la signature d’un contrat avvec la société Neetracom Sarl pour la construction, les élėments d’appréciation des manæuvres frauduleuses sont, selon le journal, légions », tel est un extrait du rapport du Service Monitoring de la HAAC.

Il vous souvient qu’au cours de l’audition, le Directeur de Publication de L’Alternative, M. Ferdinand Mensah AYITE, a souhaité communiquer à l’institution ses éléments de preuves. Mais il lui a été dit que ce n’était pas nécessaire, qu’il revenait à la justice d’apprécier les éléments de preuve des deux parties et qu’il avait besoin d’échanges entre professionnels des médias, notamment sur l’emploi du mot «faussaire» et l’extrapolation qui a été faite vers la fin de l’article.

N’ayant jamais confronté les documents fournis par le conseil de Me TSOLENYANU et ceux publiés par le journal et dont un parlé dans son rapport le Service Monitoring, ni reçu les pièces que M. Ferdinand AYITE a voulu nous communiquer, pourquoi est-il dit dans la décision suspendant le journal que: «Considérant que Me Koffi  TSOLENYANU a produit à l’appui de sa plainte des documents et décisions de justice qui contredisent les propositions et affirmations publiées dans le bihebdomadaire L’Alternative »? Comment cette contradiction a-t-elle été énoncée?  Clairement, Monsieur le Président, nous avons pris le parti du ministre TSOLENYANU. 

Par ailleurs, ce n’est pas honnête de notre part quand il est dit, dans la décision, que «Considérant qu’au cours de l’audition, le directeur de publication du bihebdomadaire L’Alternative n’a apporté aucune preuve pour soutenir  le bien fondé de ses allégations … ».  Qu’en est-il alors des documents publiés par le journal que le Service Monitoring a qualifié dans son rapport de «pièces justificatives» et ceux que le directeur de publication a voulu communiquer à l’institution? 

La décision souffre encore d’honnêteté quand elle énonce: «Considérant qu’en publiant cet article, dont la véracité du contenu n’est pas établic et qui comporte des affirmations gratuites, le bihebdomadaire L’Alternative n’a pas respecté les règles professionnelles  , en violation des dispositions du Code de déontologie des journalistes du Togo, du Code de la presse et de la communication et de la loi organique de la HAAC ». Cette partie montre que l’institution de régulation est en quête d’arguments, même s’ils ne se reposent sur rien, pour justifier la sanction lourde demandée par le ministre. 

L’argument selon lequel le directeur de publication de L’Alternative «n’a présenté aucune disponibilité à rectifier les propositions requises», ne tient pas la route et ne devrait pas figurer dans une décision d’une telle importance.  En s’appuyant sur cet argument, la HAAC dont l’une des missions est «assurer la liberté et la protection de la presse et des autres moyens de communication», viole elle- même article 21 du Code de déontologie des  journalistes du Togo qui disposent que «Le journaliste ne peut étre contraint à accomplir un acte professionnel ou exprimer une opinion contraire à sa coviction ou à la conscience» et les dispositions du premier alinéa de l’article 26 de la loi Nº2020-001 / PR  du 07 janvier 2020 portant Code de la presse et de la communication en République togolaise selon que: «Le journaliste, le technicien des médias et l’auxiliaire de presse ont le droit de refuser de participer ou d’étre associés à la réalisation d’actes ou à l’expression d’une opinion contraire aux règles de déontologie ». 

Enfin, il transparaît que le journal a été sanctionné pour n’avoir «publier aucune disponibilité à rectifier les propositions requises» voiture, poursuit la décision, «cette pratique traduit une volonté affirmée de diffamer et de porter atteinte à l’honneur et à la  dignité du mis en cause dans l’article ». Un raccourci pour que l’injonction du ministre TSOLENYANU soit efficace. 

De tout ce qui précède, Monsieur le Président, je récuse ma signature qui est mise en bas de la «décision N ° 003 / HAAC / 21 / P_portant suspension du bihebdomadaire L’Alternative» du 05 février 2021. Au nom de ce Togo nouveau  que nous voulons construire, je ne peux tolérer ces actes attentatoires au libre exercice du métier de journaliste. 

Je vous prie, Monsieur le Président, de rendre publique cette correspondance dans les mêmes conditions que la «décision N ° 003 / HAAC / 21 / P portant suspension du bihebdomadaire L’Alternative». 

Veuillez agréer, Monsicur le Président, à.  expression de mes salutations confraternelles. 

Zeus Komi AZIADOUVO

Ampliation

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