Le Togo a atteint la semaine dernière une phase critique de la propagation de coronavirus sur l’ensemble du territoire. Au total 145 cas confirmés de Covid-19 ont été recensés pour cette seule semaine. Le record en une journée a été enregistré samedi 16 mai avec 35 cas. On évoque même des personnes guéries mais réinfectées dans la foulée.
Des raisons d’une flambée inquiétante
Tout d’abord, le gouvernement a multiplié les ratés dans la communication de sorte qu’à un moment donné, la population a du mal à croire à l’existence du fléau. Ensuite, le couvre-feu avec ses exactions soldées par des morts par endroits a considérablement détourné l’attention des gens de l’essentiel. Les descentes récurrentes au domicile d’Agbéyomé Kodjo jusqu’à son arrestation le 21 avril ont été des sources de contamination non négligeables. Par ailleurs, les manifestations de Siou consécutives à l’assassinat du Colonel Madjoulba Bitala, chef corps du premier Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) ne sont pas à négliger dans la propagation du virus, en ce sens que les manifestants comme une partie des Togolais foulent aux pieds les mesures barrières comme signe de défiance de l’autorité qui ne donne pas de suite aux motifs desdites manifestations dans le Doufelgou. Voilà des causes plus ou moins lointaines. Et comme causes immédiates, c’est le relâchement général du gouvernement qui donne l’impression d’avoir maîtrisé la pandémie. Et ce sentiment s’est généralisé dans la population qui observe de moins en moins les mesures barrières.
La porosité des frontières et la grande corruption qui y règne au travers des agents des forces de défense et de sécurité ne sont pas pour arranger la situation. Le comble est la situation de la Prison Civile de Lomé touchée officiellement le dimanche 10 mai avec 19 cas confirmés. Depuis lors, plusieurs dizaines se sont ajoutées quand bien même le Comité de riposte ne communique plus officiellement là-dessus.
C’est bien criminel le film d’horreur qui se joue dans cette maison de détention surpeuplée et insalubre. En principe, les milliers de personnes en détention préventive depuis plusieurs années ainsi que les prisonniers politiques doivent être libérés dans l’immédiat. En attendant de plancher par procédure d’urgence sur les autres dossiers, il y a nécessité de libérer d’autres prisonniers enfermés pour des délits mineurs et ceux qui ont purgé la moitié de leur peine. Dans l’urgence, il faut reloger les autres détenus pour éviter le pire.
Eviter le suivisme suicidaire et des mesures hâtives et incontrôlées
Le Togo n’a aucune maîtrise de la situation et le seul fait d’apprendre que la compagnie aérienne Air France reprendra ses activités à partir du 23 juin frise le désordre. Il n’en fallait pas plus pour voir la colère du Responsable du Centre de Prise en charge des malades de Coronavirus au CHR Lomé-Commune Prof Majesté Ihou-Wateba. « Si nous avons le Coronavirus au Togo, c’est parce qu’Air France a envoyé les premiers cas de Coronavirus au Togo. Et quand ils ont arrêté les vols, les 100 premiers cas que nous avons eu à traiter sont des voyageurs et les cas contacts des voyageurs », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Ils ont amené la Covid-19 au Togo, et aujourd’hui la maladie est rentrée dans les communautés où on retrouve des cas de VIH, des hypertendus, et d’autres maladies qui augmentent le risque de décès des personnes atteintes par la Covid-19. Et voilà qu’on veut autoriser ces compagnies à amener encore les gens au Togo ».
Aujourd’hui a-t-il poursuivi, la pandémie n’est plus au niveau des voyageurs, mais c’est au niveau des pays voisins qui commencent à alimenter le pays en malades, notamment le Ghana. « La graine de la maladie est dans toutes les communautés aujourd’hui », a-t-il déploré.
Par ailleurs, le Doyen de la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université de Lomé invite le gouvernement à penser à l’intérêt des populations. « Ils doivent avoir pitié de nous les médecins. Nous sommes toujours en première ligne, il faudrait bien qu’ils tiennent compte de cela », a-t-il plaidé.
Au surplus, l’Ambassadeur du Togo en France dit avoir « le plaisir de porter à la connaissance des concitoyens bloqués en France et dans les pays européens en cette période de crise sanitaire de la Covid-19 que, sur accord mutuel des autorités togolaises et françaises, un vol spécial Air France à destination de Lomé est programmé pour le 23 mai 2020. Les réservations sur ce vol sont en cours avec la compagnie Air France pour les personnes déjà inscrites auprès de l’Ambassade du Togo en France ».
Quelle disposition pratique a-t-elle prise pour faire observer dans le sérieux la quarantaine de ces Togolais annoncés pour le retour?
Aux premières heures de la fermeture des frontières, on a vu des gens revenus dans la grande pagaille.
Bien plus, la reprise des cours dans les établissements scolaires s’annonce de plus en plus sur le 02 juin prochain.
Dans quelles conditions cette reprise sera-t-elle effective quand on sait l’effectif pléthorique des salles de classe au Togo ?
Il importe que Faure Gnassingbé qui n’a d’yeux que pour son fauteuil, cesse de livrer ses concitoyens au désastre.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur