Napo Tchandikou Maman, le guitariste d’une autre rime

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« Très petit,  j’ai pris connaissance de son  jeu de guitare… Des années plus tard, j’eus l’aubaine dans le cadre de mon travail de rencontrer l’artiste musicien et chanteur », avoue avec fierté Théo Ajavon, technicien radio sur Radio Sport FM  à Lomé.

« Les chansons de Napo Maman me mettent en transe. Elles ont bercé mon enfance et celle de bien d’autres », a témoigné Mireille Viana, une férue de belles sonorités et ancienne animatrice de programmes sur Radio Nostalgie à Lomé. 

Napo Maman est un musicien pétri de qualités comme on en connaît en pays Bassar, une préfecture située dans la région de la Kara connue pour ses hauts fourneaux de Nangbani et Bangéli, la danse du feu «Tibool» ou initiation à la divination ainsi que ses cultures vivrières notamment l’igname.

Vieux  briscard  de la scène musicale togolaise, Napo Tchandikou Maman ou Napo Maman est aussi  connu sous le sobriquet « De Mi Amor ». Passionné avant l’heure, ses débuts du guitariste remontent dans les années 60 dans les rangs de l’orchestre Roy Romencero à Lomé. Après avoir fait ses preuves auprès du  public togolais, Napo Maman, sa guitariste en bandoulière, conquiert  celui de nombreux pays en Afrique de l’Ouest.

L’un des doyens de l’univers musical togolais, « De Mi Amor » avait évolué en qualité de guitariste au sein de The Black Santiago,  un orchestre pépinière fondé à Accra en 1966 par le Béninois Ignace de Souza et très actif dans le temps au Ringway Hôtel. Il y apporta une touche de plus au High Life, style de musique tiré des fanfares militaires, du Jazz, du calypso, du swing  et des rythmes traditionnels à base de percussions.

Revenu au Togo peu après l’arrivée au pouvoir à Accra du Premier ministre Kofi Abrefa Busia qui contraint les étrangers à quitter le pays, Napo Tchandikou Maman devint soliste au sein de « Gabada», l’orchestre mis sur pied par Georgette Bella Bellow, la pionnière de la chanson togolaise moderne avec qui il fit une kyrielle de tournées en Afrique et en Europe.

« De Mi Amor » avait entrepris une aventure européenne non aboutie avec la regrettée artiste Germaine Yta Jourias. Séduit par son talent artistique, un producteur togolais rencontré aux bords de la lagune des Ebrié à Abidjan,  lui permit de sortir un disque 33 tours étiqueté «Lonlon Nyé Ku » (L’amour c’est la mort) qui symbolise le souvenir de son séjour au pays du café-cacao.

Retourné une seconde fois au bercail, Napo Tchandikou Maman évolue au sein de l’orchestre les As du Golfe à Lomé, puis avec Gnonas Pedro dans Los Panchos de Cotonou, rebaptisé plus tard les Dadjès Band. A la recherche de nouveaux airs musicaux,  il forma «The Black Devils » (Les démons noirs), son propre orchestre en gavant son auditoire au son de sa guitare d’une autre rime.

Arrangeur, « De Mi Amor » avait été au service de nombreux compatriotes et collègues artistes à l’instar de Bidaut Audat et Ikpindi Kpanté, l’artiste chanteuse traditionnelle Bassar dont il revit le folklore. Malgré le poids des années, le très effacé artiste-musicien, chanteur et arrangeur est actif avec des sorties très appréciées.

Pétri de qualités, « De Mi Amor » est un précurseur de la musique urbaine togolaise. Il a le don d’allier à merveille les sonorités et folklores traditionnels issus des milieux Bassar, Ewé, Akpessè, Ana, Ifè ou Yorouba. Tout passionné de musique voulant faire carrière et réussir dans le show-biz, doit impérativement écouter les partitions de guitare du vieux briscard Bassar dont les prouesses figurent sur  Golden Afrique Vol 1, une compilation de groupes et artistes ouest africains ayant marqué les esprits dans les années 70 et 80.

Auteur de la chanson intitulée «Cacatchoulé», le septuagénaire Napo Tchandikou Maman fait partie avec les regrettés Ambroise Ouyi Tassane, Ikpindi Kpanté, Ali Gilbert Bawa de la liste bien restreinte des artistes de qualité du pays Bassar. Le titre « Lonlon Nye Ku » du Maestro a récemment fait l’objet d’un nouveau pressage suite au projet musical  «Togo Soul 70 », initié par l’animateur Julien Lebrun et la journaliste- réalisatrice Liz Gomis et  sorti sous le label Hot Casa Records.

© Ekoué SATCHIVI

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