La pandémie du coronavirus continue de faire des ravages en Europe, notamment en Italie. Même si l’Afrique est déjà touchée, elle retient néanmoins son souffle, en attendant peut-être le pire. Au niveau de certains pays, les premiers dirigeants prennent le taureau par les cornes et se jettent à l’eau, qui à travers des allocutions officielles, qui de petites vidéos exécutant les gestes de protection individuelle, histoire de pousser leurs concitoyens à les adopter. Il existe également un moyen idéal de communication pour la sensibilisation récemment utilisé par un candidat à la présidentielle du 22 février dernier. Mais au Togo, toutes ces pistes sont malheureusement occultées.
Ali Bongo a parlé et rassuré ses compatriotes
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) exhorte l’Afrique à « se réveiller » et « se préparer au pire ». Jusqu’à présent, l’arme fondamentale de lutte contre la propagation de la maladie reste la conscientisation et la sensibilisation des populations à l’adoption des mesures individuelles et collectives de protection. Certains dirigeants prennent la mesure de la situation et jouent leur partition. Certains, comme on le soulignait, passent par de petites vidéos montrant l’exemple à suivre. D’autres brisent le silence et font des allocutions formelles devant le drame qui point à l’horizon. C’est le cas d’Ali Bongo qui a jugé utile de s’adresser à ses concitoyens, le mercredi 18 mars. Morceaux choisis.
« Nos structures médicales sont prêtes, nos personnels de santé sont formés. Les moyens ont été renforcés », « J’ai instruit le gouvernement afin que toutes les mesures soient prises pour absorber l’impact du Covid-19 sur notre pays », « Il n’y a aucune inquiétude à avoir à ce sujet (…) Le nécessaire sera fait pour limiter au maximum les conséquences négatives liées à cette situation exceptionnelle », « Face au Covid-19, la meilleure arme, mes chers concitoyens, est votre sens du devoir civique et de la responsabilité. D’où l’importance, j’insiste, des mesures barrières que nous devons pleinement intégrer dans notre quotidien », « Le combat contre le Covid-19 n’est pas un combat individuel. Ce n’est même pas un combat de l’État. C’est le combat de toute société, autrement dit, notre combat à tous que nous devons mener aujourd’hui, demain et dans les mois à venir (…) Il nous faut être solidaires les uns envers les autres », « Je vous demande avec fermeté, dans votre intérêt : de respecter strictement toutes les mesures prises par le gouvernement (…), respecter tout aussi strictement les consignes d’hygiènes qui vous ont été régulièrement communiquées (…), d’observer scrupuleusement l’ensemble des règles de distanciation sociale : ne pas se serrer la main, ne pas s’embrasser, ne pas se regrouper, ne pas se faire d’accolades ».
Faure muet depuis lors
Pour les observateurs avertis, Ali Bongo a été rassurant dans son approche. En toute responsabilité, il a appelé les Gabonais à l’union, à la solidarité et à la responsabilité, pour faire face ensemble à cette pandémie mondiale.Cette sortie du Président gabonais a le mérite de rassurer ses concitoyens, en ce moment de panique générale. C’est sur cette piste que le commun des Togolais espère voir Faure Gnassingbé aller.
Une allocution solennelle sur la question serait la bienvenue. Et ce ne serait pas trop demander. En ce moment sensible de l’histoire, les populations togolaises qui l’auraient une fois de plus adoubé lors de l’élection présidentielle du 22 février dernier, lui accordant jusqu’à 70,78 % des suffrages, ont plus que besoin d’entendre ses propos de réconfort. C’est même une obligation morale pour le « Prince » de s’adresser à ses compatriotes et surtout de les protéger. C’est un serment qu’il a fait devant Dieu et devant les hommes d’offrir cette protection au peuple togolais. C’est le moment d’assumer. Malheureusement, le « Prince » ne semble pas prendre la mesure du drame qui se profile à l’horizon.
Le téléphone pas utilisé cette fois-ci
L’heure est à la sensibilisation des populations à l’adoption de comportements responsables. La responsabilité première revient évidemment aux gouvernants. Dans tous les pays, ce sont eux qui prennent le devant en initiant des messages à destination des populations, des sorties médiatiques, des rencontres, campagnes de sensibilisation, etc. Mais au Togo, on ne voit pas trop les pouvoirs publics bouger. A part les trois grandes sorties à savoir, l’annonce du premier cas de coronavirus le vendredi 6 mars, celle cinq (05) jours plus tard de la disparition des symptômes chez la patiente, la publication des »mesures urgentes » prises par le gouvernement en conseil des ministres extraordinaire le lundi 16 mars dernier et l’annonce hier des huit (08) nouveaux cas, plus rien d’autre ne se fait. Et c’est bien dommage.
A coté, il y a un moyen de sensibilisation important qui pouvait être utilisé, les téléphones. On se rappelle que ce moyen a été exploité par l’un des candidats à l’élection présidentielle du 22 février dernier au Togo. Il s’agit de Faure Gnassingbé. Les abonnés de Togocel notamment étaient presque harcelés de SMS demandant de voter le candidat du RPT/UNIR. Quotidiennement, ils en recevaient plusieurs. Beaucoup se plaignaient de ce que Togocel ait laissé accès aux comptes des abonnés sans avoir demandé leur avis. Contre mauvaise fortune, ils avaient fait bon cœur. D’ailleurs ils n’avaient pas le choix. Avec cette histoire de coronavirus et l’urgence de la sensibilisation, le réflexe voudrait que ce moyen soit utilisé. C’est sans doute le meilleur pour toucher le maximum de gens. Mais voilà, il n’est pas venu à l’esprit des gouvernants de l’exploiter. Tout porte à croire que la vie des électeurs vaut moins que leurs suffrages pour le « Messi ». Ici c’est…Togo.
Tino Kossi
source : Liberté