La connotation tribale que prend cet acharnement sur la communauté Tem de notre pays, ne gêne aucunement le pouvoir Gnassingbé qui ne jure que par la monarchisation de nos institutions. Le reste de l´opposition semble se frotter les mains qu´une formation politique concurrente soit la bête noire du régime. Nous sommes pourtant dans un même pays. Il paraît aussi que nous nous sommes engagés pour le même but: la fin de la dictature. Y arriverons-nous en suivant leur voie?
La Maman du SG du PNP-Kloto Yacoubou Moutawakilou, enlevé la semaine passée par les forces dites de sécurité, n´aura pas survécu au choc dû à la violence gratuite exercée sur son fils. Elle a rendu l´âme vendredi 31 janvier 2020 à Accra. Ce n´est pas étonnant quand les familles des deux suppliciés ne peuvent ni leur rendre visite, ni leur apporter à manger. Les responsables du Camp GP, le lieu où ils sont gardés au secret, refusent toute visite, et tout repas venant de l´extérieur. De quoi les accuse-t-on? Comment sont-ils traîtés? Comment sont-ils nourris? Sont-ils torturés? Arrivent-ils à dormir? De telles questions angoissantes auraient sans doute précipité dans la mort la mère de Yakoubou Moutawakilou. Surtout quand nous savons comment se passent les interrogatoires dans ces prisons secrètes du Togo. De véritables goulags soviétiques!
Après donc le kidnapping de Yakoubou Moutawakilou SG du PNP-Kloto et de Aboubakar Tchatikpi, un militant ordinaire, à quelques heures d´intervalle ce 25 janvier 2020, à Kpalimé et à Lomé, les tortionnaires du régime de terreur togolais semblent détenir des listes rouges de Kotokolis à embastiller. En effet, très tôt le matin de samedi 01 février 2020, le nommé Amah Daouda, père de famille, la cinquantaine dépassée, est brutalisé devant femmes et enfants chez lui à Agoe-Zongo, avant d´être emmené vers une destination inconnue. Ses téléphones portables, dont nous ignorons le nombre, sont emportés. Peu à peu les Togolais commencent malheureusement à s´habituer à ces méthodes de voyous de nos autorités dites de sécurité qui sont devenues récurrentes depuis au moins deux ans.
Ce qui saute aux yeux c´est la coïncidence des circonstances liées aux cas Aboubakar Tchatikpi et Amah Daouda. Les deux hommes kidnappés à leur domicile sont originaires de Kparatao, village natal de celui qui est la cause des cauchemars de Faure Gnassingbé. Non contents d´avoir assiégé militairement la région natale de Tikpi Atchadam, et d´y mener régulièrement des exactions de toutes sortes, ceux qui se croient détenteurs du titre foncier du Togo ont-ils ouvert la chasse à tout intellectuel, ou tout ressortissant de Kparatao? D´après nos recherches depuis le pays, beaucoup de personnalités Kotokoli, plus ou moins influentes, proches du PNP et des forces du changement, sont entrées dans la clandestinité, ou ont quitté le pays. Pour tout Togolais normal, une question adressée aux opposants favorables aux élections présidentielles du 22 février 2020, doit sauter à l´esprit: doit-on, peut-on aller à une quelconque élection dans un tel climat de terreur? Doit-on, peut-on se préparer à des élections quelles qu´elles soient, et battre campagne, pendant que d´autres citoyens du même pays sont déclarés persona non grata sur leurs propres terres et emprisonnés à cause de leurs idées politiques?
Le nommé Akim Abdoul-Wahid, une trentaine environ, d´ethnie kotokoli bien sûr, est revenu du Nigeria et est arrêté par des militaires mercredi 15 janvier 2020 dans son village natal à Agbandi-Tchalo dans la préfecture de Blitta. Accusé d´être le responsable du PNP au Nigeria, de détenir des armes, de les distribuer aux jeunes du village et d´être l´un des révolutionnaires aux talismans de Yark de novembre 2019, il est déféré le 21 janvier à la prison civile de Lomé, après avoir passé par la gendarmerie de Blitta et le camp Gouni de Sokodé. Bien que des fouilles chez lui et chez son oncle à Agbandi, où des portes furent défoncées, des poulaillers détruits, n´aient rien donné, il croupit toujours en prison.
Nous n´oublions pas le cas de cet Irlando-Togolais, Abdou-Aziz Goma, de la même ethnie. Soupçonné de trafic d’armes, de soutien financier du PNP, et de préparation de troubles à l’ordre public. Arrêté depuis le 21 décembre 2018, il n´est toujouts pas libéré, malgré ses incessants appels au secours et bien que rien ne fût trouvé après la fouille de son conteneur convoyé depuis Manchester.
Samari Tchadjobo
02 février 2020
Hanovre, Allemagne