Dossier Kodjo: la curieuse lettre de l’ANC à Mgr Kpodzro

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L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) vient d’adresser un courrier à l’archevêque émérite de Lomé Mgr Philippe Fanoko Kossi Kpodzro.

Cette correspondance fait suite aux récentes déclarations du prélat concernant certains leaders du parti de Jean Pierre Fabre. Extrait…

A Son Excellence Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO Archevêque Emérite de Lomé,

Votre intrusion dans la vie des partis politiques et dans le débat politique, vos incessantes prises de position nous font obligation de vous adresser cette lettre.

Le mercredi 08 avril 2020, en pleine semaine sainte, dans un pays où toute la chrétienté était totalement en prière, dans l’attente de la célébration de la résurrection du Christ, au moment où l’attention des Togolais est focalisée sur la lutte contre la propagation de la pandémie du Covid-19, oublieux de votre statut de pasteur du Christ, vous avez cru bon de tenir une conférence de presse, consacrée à la situation postélectorale, au domicile de votre candidat à l’élection présidentielle, Monsieur Agbéyomé Messan KODJO.

Vous avez déclaré en substance que tous les leaders politiques de l’opposition, sans exception, ont reçu de l’argent de Faure Gnassingbé. Selon vous, c’est ce qui explique leur silence face à vos multiples appels pour soutenir la « victoire » de votre candidat. Vous avez ajouté que la lutte de libération du Togo des griffes des Gnassingbé, pâtit de la corruption des leaders de l’opposition, depuis l’époque de Gnassingbé Eyadéma.

Cette accusation est la dernière en date d’une série d’agressions que vous ne cessez de perpétrer depuis plusieurs mois, contre l’ANC et son président national, Jean-Pierre Fabre. En effet :

le 26 juin 2019, à 4 jours des élections locales, en l’Eglise catholique d’Adidogomé, lors de l’homélie de ce que vous avez appelé « messe d’intercession », dite pour le reliquat de la C14, vous vous êtes lancé dans une violente diatribe contre l’ANC et son président, allant jusqu’à les qualifier de « judas, traitres, insupportables qui maltraitaient tous les autres, corrompus qui s’en mettent plein les poches, qui ne méritent pas la confiance que le peuple leur témoigne, » etc.

Quelques semaines après cette agression incompréhensible et pour montrer que le Président de l’ANC est bien dans votre viseur, vous n’avez pas hésité à prétendre, au cours d’une émission sur une radio, que le Président de l’ANC vous a déclaré : « L’unité de l’opposition passera sur mon cadavre ».

Courant février 2020, au cours de la campagne électorale de la présidentielle du 22 février 2020, vous avez déclaré : « Jean-Pierre Fabre n’aime pas son pays. Il n’aime que lui-même. ». Réflexion relayée par tous les médias nationaux et internationaux dont TV5.

Lors de conférences de presse, pendant des réunions avec le reliquat de la C 14, la société civile ou des personnalités, vous n’hésitez pas à qualifier Jean-Pierre Fabre de cupide, simplement attiré par les 70 millions du financement public de la campagne électorale, d’arrogant à l’égo surdimensionné, d’insolent irrespectueux de l’âge de ses interlocuteurs, de Satan, etc.

Nous pouvons multiplier ses exemples à loisir.

Quoique choqués, indignés, révoltés par ces insultes et affabulations, l’ANC et Jean-Pierre Fabre n’ont jamais voulu réagir à vos propos malveillants et calomnieux qui sont pourtant d’une extrême gravité. Par respect pour l’Eglise catholique, par respect pour votre statut d’Archevêque émérite de Lomé, par égard à votre titre d’ancien président de la Conférence Nationale Souveraine, et enfin par respect pour votre grand âge. Estimant que le temps vous ramènera nécessairement sur la voie de l’objectivité, de la sagesse et de la vérité.

Malheureusement, il n’en est rien, puisque, lors de la conférence de presse tenue par les membres de votre groupe, le 08 avril 2020, vous avez considéré l’attitude de l’ANC comme un aveu de culpabilité ou à tout le moins, une faiblesse.

Monseigneur, vous vous trompez. Nous ne nous taisons pas parce que nous nous sentons coupables d’un quelconque manquement à l’éthique. Notre silence concernant vos insultes avant l’élection présidentielle, et face à vos appels à la mobilisation après cette élection, est un signe de dignité, de sérénité et la manifestation de notre confiance en nous. Une attitude fondée sur le respect des valeurs cardinales de notre lutte : vérité, conviction et persévérance.

Vos propos du 08 avril 2020, illustrent clairement la situation d’une personne en détresse, qui se débat en cherchant par tous les moyens, à user de dilatoire et à faire diversion. La pseudo corruption des responsables de l’opposition ne peut nullement expliquer le non accomplissement de votre prophétie.

Vous ne pouvez pas continuer d’abuser de votre position dans la haute hiérarchie de l’Eglise catholique et du statut d’autorité morale que cela vous confère, pour manipuler les populations en diffamant d’honnêtes citoyens qui ont sacrifié leurs vies à une cause que vous prétendez partager.

Le président de l’ANC n’a jamais rencontré seul ni Gnassingbé Eyadéma ni Faure Gnassingbé en tête-à-tête, encore moins reçu le moindre centime d’eux ou du pouvoir en place.

Puisque vous persistez à le traiter de corrompu, qui s’en met plein les poches, nous nous voyons contraints d’exiger que vous produisiez sous quinzaine, à compter de la réception de cette lettre, la preuve de vos accusations. Passé ce délai, nous nous verrons dans la triste obligation de vous demander de produire ces preuves devant la hiérarchie de l’Eglise catholique ou, à défaut, devant les tribunaux.

Il nous est difficile de comprendre que la haine que vous nourrissez à l’égard de notre parti et de son leader procède de leur seul refus de se soumettre à vos diktats que rien ne justifie, notamment votre volonté d’imposer à des partis politiques régulièrement constitués, le candidat que vous aurez désigné.

Au nom des militants et sympathisants de notre parti, qui ne cessent de consentir d’énormes sacrifices au service de la cause que défend l’ANC, une cause qu’ils estiment juste et pour laquelle ils se mobilisent au péril de leur vie, au nom de nos camarades victimes de la violence du régime RPT/UNIR, par devoir de vérité au peuple togolais martyr, nous vous prions d’apporter la preuve de vos allégations. Rendez-leur justice, rendez-leur leur dignité en répondant à notre demande.

Pour vous qui avez commémoré, en décembre 2019, 60 ans de vie sacerdotale, est-il encore besoin de rappeler l’un des dix commandements de la Bible, Deutéronome (5, 16 et s.) : « Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain. » ? Veuillez agréer, Excellence, l’expression de nos salutations distinguées.

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