Désert financier autour des journalistes togolais jugés « trop critiques »

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Un journaliste se tient devant les forces de sécurité venues empêcher une manifestation devant le Palais des Congrès de Lomé, le 19 février 2013. (Photo: Daniel Hayduk / AFP)


Dans les médias privés du Togo, il est difficile de trouver un journaliste payé à 100.000 CFA le mois. Ces rares privilégiés sont généralement dans la catégorie des rédacteurs en chef sur une station radio ou sur une chaine de télévision.

Dans la presse écrite les professionnels dits du 4e pouvoir ne reçoivent qu’une prime de bouclage qui est de 5.000 francs CFA par parution, pour les plus chanceux.

Dans la majorité des cas, ils se contentent de quelques paiements qu’ils perçoivent en prime de déplacement sur les lieux de reportage.

Selon Isidore Kouwonou, Secrétaire générale du Syndicat nationale des journalistes indépendant du Togo, la précarité dans laquelle évoluent les journalistes constitue une menace pour la liberté de la presse.

« C’est difficilement que les journalistes ont un salaire. Ils ne sont pas déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale », explique-t-il. « Nous sommes dans une corporation où les journalistes n’ont pas d’assurance. Les journalistes vivent au jour le jour. Donc tout cela constitue une prédation pour la liberté de la presse ».

Une convention collective sectorielle pourrait résoudre le problème de ce qui est qualifié sur le terrain de « mendicité« , souligne amèrement le journaliste Albert Agbéko.

« L’absence de la convention collective fait que le journaliste a recours aux chantages et à des manipulations pour survivre. Cette absence fait également le lit au phénomène du ‘G20’ qui consiste pour le journaliste à sillonner les lieux de reportage pour des espèces sonnantes et trébuchantes. Je pense que seule une convention collective peut assainir le paysage et rendre la presse plus professionnelle », souligne-t-il.

La liberté de la presse, c’est aussi une liberté économique des organes de presse. Ferdinand Ayité, directeur de publication du bihebdomadaire Alternative, indique que l’une des entraves auxquelles il fait face est la tentative d’asphyxie financière.

« Il y a des sociétés publiques ou parapubliques qui font des publicités et à chaque fois que nous nous présentons, on nous dit que notre journal n’est pas sur la liste. El lorsque nous avons cherché à comprendre, il s’est avéré que c’est parce que nous sommes trop critiques », témoigne-t-il​. « Il en est de même pour certains opérateurs économiques privés, qui ont peur de faire passer la publicité dans des journaux trop critiques. Parce qu’ils risquent de se retrouver dans le viseur du fisc ou des contrôleurs publics », précise M. Ayité.

Selon le classement 2020 de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde, le Togo se niche à la 71e place. Ce pays d’Afrique de l’Ouest a gagné 5 places par rapport à 2019.

voa

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