Chers Compatriotes,
Peuple Togolais,
Togo debout, luttons sans défaillance !
L’élection présidentielle du 22 février 2020 s’est apparemment déroulée dans le calme. Contrairement aux précédentes, elle est marquée par une plus grande vigilance des candidats de l’opposition dont les représentants dans de nombreux bureaux de vote ont pu faire circuler sur les réseaux sociaux, avec photos à l’appui, la presque totalité des résultats obtenus par comptage bureau de vote par bureau de vote. Cette façon innovante d’agir a permis à la population tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora ainsi qu’à la communauté internationale de pronostiquer la victoire de Agbéyomé Kodjo, candidat de la dynamique Mgr Kpodzro, à près de 57 à 62 %, dès le premier tour.
Mais voici que la CENI, aux ordres, vient de proclamer, comme à l’accoutumée, le président sortant, Faure Gnassingbé, vainqueur à 72,36 % devançant Agbéyomé Kodjo avec seulement 18,37 %. Cette nouvelle contre-vérité des urnes sanctionne la démarche collaborationniste des partis politiques et leurs leaders légitimateurs qui acceptent de participer à des mascarades électorales en l’absence de réformes consensuelles constitutionnelles, institutionnelles et électorales telles qu’elles sont définies dans l’Accord politique global et inscrites sur la feuille de route de la CEDEAO.
Rappelons juste pour mémoire que lors de l’élection présidentielle du 25 avril 2015, Agbéyomé Kodjo avait appelé dans le Yoto à voter Faure Gnassingbé et avait personnellement participé avec les militants RPT/UNIR à bourrer les urnes dans les bureaux de vote de cette préfecture. N’est-ce pas aujourd’hui le cas de l’arroseur arrosé ?
Que faire maintenant contre ce nouveau coup d’État électoral, ce hold-up électoral ? Nous exhortons la communauté internationale y compris la CEDEAO à ne pas reconnaître ces résultats non conformes à la vérité des urnes et à exiger de leur protégé Faure Gnassingbé l’abandon du pouvoir. Nous n’accepterons aucun compromis, aucune compromission, ou aucune combinaison de type République démocratique du Congo.
Nous exhortons le peuple à prendre ses responsabilités en organisant la résistance pacifique pour défendre son vote, défendre ses aspirations légitimes à la liberté, la démocratie, la paix et la justice !
Transformons ce moment historique en une révolution pacifique de notre avenir et de l’avenir de notre pays !
Ce coup d’État électoral est le dernier acte liberticide qui vient clore le pseudo-dialogue « Lomé 2018 « et qui prouve aux yeux des Togolais et du monde entier que la voie électorale ne peut , en aucun cas, être la sortie de crise sous cette longue dictature mafieuse. Bien au contraire, elle ouvre la voie à une nouvelle période de défiance politique.
En effet toute nouvelle contestation populaire, s’inscrivant dans un décalage temporel, prend sa source dans la mascarade électorale précédente suivie d’un dialogue qui se termine par un accord de dupes qui ne sera même pas respecté par la dictature. Ainsi, chemin faisant, nous sommes arrivés à 27 dialogues qui n’ont pu apporter une solution idoine pour combler les aspirations du peuple à la liberté, la justice et l’alternance politique.
La coalition de 14 partis politiques encore appelée C14, usurpant la direction de la contestation populaire née de l’insurrection du 19 août 2017 et l’engageant dans la voie du dialogue endosse une lourde responsabilité historique de l’échec de cette lutte et de la situation chaotique dans laquelle le peuple se trouve aujourd’hui. Elle a maintenant le devoir d’en tirer toutes les conséquences et de faire avec humilité son mea-culpa au peuple.
En nous plaçant sur le plan juridique, bien que cette élection ait donné la victoire de la contre -vérité des urnes à Faure Gnassingbé, président sortant illégitime pour accomplir un 4ème mandat contesté par le peuple, la CEDEAO et l’UA , elle revêt un caractère illégal ce qui entraîne ipso facto la nullité de ses résultats. En effet, la Cour constitutionnelle qui est impliquée dans le processus électoral est elle-même inconstitutionnelle et illégale car elle est incomplète, n’étant composée que de 7 membres au lieu de 9 selon l’article 100 de la constitution du 15 mai 2019. L’opposition devrait saisir cette occasion pour déposer un recours devant une juridiction internationale pour annuler les résultats de cette élection illégale et faire condamner l’État togolais pour ses innombrables violations des droits de l’homme et des peuples.
Aujourd’hui force est de constater que parmi les résultats les plus manifestes de cette confiscation de la volonté populaire, le renforcement de la mainmise du pouvoir RPT/UNIR sur la vie politique et sa persistance à vider les institutions nationales de leur fonction vitale y compris celle du contrôle et à écarter le peuple de l’exercice de sa mission principale qui est d’assurer la légitimité du pouvoir et de préserver la souveraineté nationale.
A cet effet, la poursuite de la lutte de libération nationale pour satisfaire les revendications légitimes, pour l’instauration de la souveraineté du peuple sur l’État et ses institutions indique clairement que le processus enclenché depuis le 5 octobre 1990 ne s’est pas seulement limité à l’empêchement de l’illimitation du mandat présidentiel, il s’est étendu au rejet des pratiques et de la mauvaise gouvernance ayant conduit le pays à la situation que nous vivons aujourd’hui.
Cette détermination exprime aussi l’aspiration à l’ouverture d’une ère nouvelle qui verra l’émergence d’une nouvelle société fondée sur un programme commun et la mise en place d’un État de droit selon les critères contenus dans notre constitution originelle de 1992 et dans notre hymne national – La Terre de nos Aïeux -. pour cela, l’heure n’est pas au découragement ou à l’évocation de la fatalité mais au raffermissement de la volonté populaire pour que celle-ci soit exaltée par dieu et nos ancêtres.
De nouveaux regroupements de citoyennes et de citoyens libres de la société civile, de la diaspora et des partis politiques indépendants du pouvoir s’avèrent nécessaires pour parfaire la lutte et la conduire à la victoire . C’est ainsi que notre patrie sera à jamais débarrassée de ce système politique voyou et corrompu qui n’hésite pas à employer la violence , la terreur, le mensonge et l’achat de conscience pour conserver le pouvoir maintenant ainsi le peuple sous le joug néocolonial et dictatorial producteur de misère et d’humiliation.
Face à cette situation et considérant le chemin serpentin de notre lutte jusqu’au soir du 22 février, il est plus qu’évident que pour gagner nous devions changer le fusil d’épaule . La restauration de l’État de droit et l’alternance politique passent désormais par une autre alternative qui est la troisième voie que nous confère l’article 150 de notre constitution : la Résistance pacifique.
Par cette vision objective de l’article 150 et pour cause, des patriotes, dont le passé militant est intègre et exemplaire, ont décidé de reprendre le flambeau et de le porter encore plus haut, créant un nouveau cadre de lutte dénommé Front de libération nationale. La Flamme de la résistance patriotique ne doit , en aucun cas, s’éteindre et ne s’éteindra pas !
Aussi lançons-nous un appel vibrant et solennel à tous les patriotes, civils comme militaires, épris de liberté et d’amour pour la patrie, à nous rejoindre dans le Front de libération nationale pour la rédemption du Togo, notre bien commun, car nous sommes les seuls artisans de son bonheur et de son avenir !
« Dans l’unité nous voulons te servir,
C’est bien là de nos cœurs, le plus ardent désir,
…………………………………………..
Faire encore de toi sans nous lasser,
Togo chéri, l’or de l’humanité.»
Honneur et gloire à nos Martyrs !
Vive le Togo libre !
Fait à Paris , le 24 février 2020
pour le Front de Libération Nationale
Dr Antoine Ati Randolph
Contact : antoinerand@hotmail.com